Avec The Brums, le Gudde Wëllen clôt l’année avec un effet waouh ! Le quartette est très en vue en Belgique et étant donné sa jeunesse, on entendra encore beaucoup parler de lui.

Jouer au milieu des spectateurs au lieu de rester sur scène, un choix logique si votre groove est infernal. (Photo : The Brums)
Chères lectrices et chers lecteurs : oui, l’auteur de ces lignes concède qu’il vous a gavé-e-s pendant des années avec des crossovers entre jazz et rock indépendant, voire metal. Si vous avez suivi attentivement, vous savez dorénavant qu’il est parfaitement possible d’allier le jazz au black metal (comme avec les Norvégiens de The Shining) ou encore au metal expérimental (comme les fous furieux italiens de Zu). Pourtant, mélanger deux styles est une chose, en mélanger plusieurs pour obtenir quelque chose de totalement nouveau et inouï en est une autre.
Certes, The Brums ne sont pas les seuls à chercher leurs recettes au-delà d’une logique de combinaison somme toute manichéenne – on pourrait par exemple citer l’excellent Robocobra Quartet de Glasgow, qui est en train de conquérir le monde des petites et grandes salles. Si le quartette liégeois n’en est pas encore là, gageons qu’il est sur le bon chemin. Un passage au célèbre festival de Dour cette année – le seul grand festival qui reste en Wallonie et surtout toujours indépendant – en atteste, tout comme son invitation au Gaume Jazz Festival, certes plus petit mais très select. De plus, il vient de signer un contrat avec le label Luik Records, connu pour avoir dans son étable de gros calibres comme Lysistrata.
Ce qui est particulier avec The Brums, c’est l’absence totale de guitare et de basse. Composé de Clément Dechambre au saxophone, Antoine Dawans à la trompette, Adrien Lambinet au trombone et Alain Deval derrière les fûts, la formation était plutôt destinée à une carrière de marching band ou autre fanfare municipale. Mais ce n’est pas du tout le cas, puisque batteur et tromboniste, qui officiaient déjà avant dans un autre groupe nommé Quark, sont tombés dans la marmite magique de l’électronique, qui vient non seulement renforcer la musique des Brums, mais l’encadre carrément.
Ici, pas de rythmes simples ou répétitifs, mais des envols sur des signatures temporelles complexes, des passages contrastés et du pointillisme musical en veux-tu, en voilà. Certains morceaux, surtout pendant les sessions live très intenses, dégagent des réminiscences de légendes expérimentales new-yorkaises, comme The Swans et leurs échappées musicales dans les années 1980.
Pourtant, les Brums sont résolument contemporains, en s’ouvrant à des styles aussi divers que le hip-hop et le free jazz. Le tout toujours maîtrisé et avec un souci du groove imparable. Les critiques sont unanimes là-dessus : ce qui les rend uniques, c’est le sens du groove. Infectieux, omniprésent mais jamais forcé, il leur permet d’étaler un tapis sonore qui décolle dès les premières secondes d’écoute.
Bref, une bonne initiative du Gudde Wëllen de terminer l’année avec l’enthousiasme de la jeunesse plutôt que de sombrer dans le solennel et la mélancolie.