L’Union européenne est divisée sur la réponse à apporter au conflit opposant Israël au Hamas, alors que la situation humanitaire à Gaza est dramatique. Le Luxembourg a demandé « un cessez-le-feu immédiat » lors de la réunion des ministres européens des Affaires étrangères, ce lundi 22 janvier, à Bruxelles.
« La priorité absolue doit être de parvenir à un cessez-le-feu immédiat » à Gaza, a plaidé le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Xavier Bettel (DP), à Bruxelles, lundi 22 janvier, au cours d’un Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne. Cette réunion dans la capitale belge a confirmé la division de l’UE sur le conflit en cours. Seul point de convergence entre les Vingt-Sept, la nécessité de faire parvenir l’aide humanitaire aux plus de deux millions d’habitant-es de Gaza.
Les ministres ont en revanche échoué à s’entendre sur une position commune sur l’après-conflit et sur les sanctions contre les colons israélien-nes de Cisjordanie, accusé-es d’attiser les braises. Les discussions ont illustré l’éventail des positions européennes, allant des pays les plus pro-palestiniens, comme l’Espagne et l’Irlande, aux plus pro-israéliens. Parmi ces derniers, la Hongrie et la Pologne ont rejeté l’idée d’une solution à deux États, estimant que cela ne fonctionnerait pas. Alors que l’UE veut présenter une feuille de route pour un « plan de paix global », ces dissensions rendent sa ligne illisible et affaiblissent davantage son poids diplomatique au Moyen-Orient.
Les député-es unanimes
Pour sa part, le Luxembourg défend ce qu’il considère comme une position « d’équilibre » depuis la nomination du nouveau gouvernement. « Je ne suis ni pro-Israël ni pro-Palestine, mais pro-paix », avait lancé Xavier Bettel avant un déplacement en Israël et en Palestine, les 10 et 11 janvier. « Rien, absolument rien, ne peut justifier les actes barbares commis par les terroristes du Hamas contre des civils innocents », a déclaré le ministre face à ses interlocuteurs israéliens lors de cette visite. Il a aussi appelé à la libération des otages détenu-es par le Hamas, le mouvement islamiste auteur des attaques du 7 octobre, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’UE.
Xavier Bettel a toutefois redit « l’attachement du Luxembourg à la solution des deux États, le seul moyen de garantir une paix juste et durable pour toutes les populations de la région », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. « Ce serait une paix qui garantirait la sécurité d’Israël et empêcherait que des attaques comme celles du 7 octobre se reproduisent, tout en respectant les aspirations légitimes du peuple palestinien », poursuit le texte. Xavier Bettel a réitéré ces propos face aux autorités palestiniennes, qu’il a rencontrées dans la foulée. À cette occasion, il a également condamné la politique de colonisation menée par le gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahou, « un des principaux obstacles à la solution à deux États ». Ces déclarations marquent une évolution dans la position du grand-duché, alors que lors de son interview du Nouvel An, sur RTL, le premier ministre, Luc Frieden, s’était interdit de juger quand Israël devait mettre un terme à son offensive.
Lundi 22 janvier à Bruxelles, Xavier Bettel a martelé qu’il est « dans l’intérêt de l’État d’Israël de parvenir à la paix » par une solution à deux États. « Après trois mois de combats et des milliers de morts parmi la population civile de Gaza, dont 70 % de femmes et d’enfants, il devient difficile d’argumenter en faveur d’une défense qui serait légitime et proportionnelle », a-t-il avancé, relayant une position désormais partagée par nombre de pays européens. Les attaques du 7 octobre ont coûté la vie à plus de 1.200 Israélien-nes, en majorité des civil-es. La riposte de Tsahal a déjà fait plus de 25.000 mort-es dans la population gazaouie, dont une majorité d’enfants et de femmes, selon le ministère de la Santé de l’enclave palestinienne, contrôlé par le Hamas. Ce bilan est jugé crédible par l’ONU et les ONG présentes dans l’étroit territoire de 360 km2.
La position officiellement défendue par le gouvernement luxembourgeois se reflète à la Chambre des député-es. Le 16 janvier, à la faveur d’une séance de questions au gouvernement, celle-ci a adopté à l’unanimité (l’ADR s’abstenant) une résolution présentée par le député Déi Lénk David Wagner, à l’initiative du débat. Le texte « condamne avec la plus grande fermeté » les attaques du Hamas, mais aussi « la réaction militaire du gouvernement israélien », qualifiée de « démesurée dans le temps et disproportionnée dans l’envergure ». Les député-es demandent un cessez-le-feu immédiat et, tout comme le gouvernement, des perspectives de paix basées sur la solution à deux États.