Les salaires du personnel de Liberty Dudelange n’ont, une nouvelle fois, pas été payés en temps et en heure, tandis que le groupe s’est engagé dans une procédure de réorganisation judiciaire.
Rien ne surprendra plus les 150 personnes toujours employées par Liberty Steel à Dudelange ni les syndicalistes qui les épaulent, alors que le groupe sidérurgique est pris à la gorge sur le plan financier. « Les salarié·es vivent d’échéance en échéance, sans savoir ce que leur réservera le lendemain », témoigne avec fatalisme Stefano Araujo, chargé du suivi du dossier à l’OGBL. Une nouvelle fois, les salaires n’ont pas été versés, comme cela avait déjà été le cas pour ceux du mois d’août, finalement payés avec trois semaines de retard. Une nouvelle fois, OGBL et LCGB mettent l’entreprise en demeure de les verser. Alors que l’usine spécialisée dans la galvanisation est quasi à l’arrêt depuis plus de trois ans, les salaires avaient jusqu’à présent été régulièrement versés. Mais les difficultés s’accumulent pour Liberty, impliqué dans la faillite frauduleuse de son bras financier, Greensill Capital, au printemps 2021.
À l’issue d’une réunion tenue mardi 5 novembre avec les représentants syndicaux, la direction a indiqué qu’elle « ne peut pas donner de date pour le moment » quant au versement des salaires. Alors qu’en septembre elle avait prétexté un « simple » problème technique, elle n’avance désormais plus d’explication. En revanche, Liberty reconnaît être au bord du gouffre financier. Dans un mail adressé aux employé·es, la direction a annoncé, le même jour, que le conseil d’administration, auquel figure notamment Sanjeev Gupta, le patron du groupe, « a décidé de lancer une demande de procédure de réorganisation judiciaire (PRJ) par accord collectif ».
Cette disposition, adoptée en 2023 pour moderniser la loi sur les faillites, a pour objectif de donner une seconde chance à une entreprise, la mettant notamment à l’abri de ses créances passées, le temps de la procédure. Elle lui permet en outre de renégocier ses dettes et d’obtenir leur effacement partiel ou total. La demande doit être validée par un juge. « Nous demandions cela depuis plus de six mois », rapporte Stefano Araujo. Les syndicats estiment que cela peut ouvrir la voie à un éventuel repreneur de l’usine, « qui n’a pas d’avenir au sein du groupe Liberty », et ainsi éviter la faillite pure et simple. Liberty Dudelange croule sous les dettes, notamment auprès de l’administration fiscale et de la Sécurité sociale, auxquelles la société doit quelque 4 millions d’euros.