Luxembourg Urban Garden : Et la cité devint jardin

Durant six mois, les villes de Luxembourg et d’Ettelbruck seront parées de multiples jardins urbains et autres installations paysagères et artistiques. Elles verront également fleurir de nombreux projets agricoles. La Luxembourg Urban Garden (ou LUGA) est une gigantesque exposition en plein air unique, majoritairement gratuite, qui vise à promouvoir les zones vertes en zone urbaine. À découvrir jusqu’au 18 octobre.

Au cœur du parc Odendahl, au Pfaffenthal, le LUGA Lab (à l’arrière-plan) est conçu comme un point de rencontre destiné à favoriser les interactions et la vie en communauté. Dans le pavillon intégré à la structure, l’expo photo d’Andrés Lejona met en lumière des infrastructures luxembourgeoises inaccessibles au public, qui jouent pourtant un rôle crucial dans la protection de la nature. (© Tatiana Salvan)

Longtemps dans les bacs, elle a enfin éclos ce 7 mai : la Luxembourg Urban Garden, ou LUGA, cette exposition éphémère et en plein air qui invite les visiteur·euses à poser un nouveau regard sur leur ville, en l’occurrence Luxembourg ou Ettelbruck, est en place pour toute la belle saison. Parcours thématiques conçus pour tous les publics, espaces de détente et de rencontre au cœur de jardins colorés, paysages agricoles surprenants s’articulent autour d’une même thématique : « Rendre visible l’invisible. » Il s’agit par là d’« éclairer le chemin vers des villes plus vertes, plus durables et plus respectueuses de notre planète » et d’explorer dans le milieu urbain une nature que l’on a trop tendance à négliger.

Les six prochains mois, petit·es et grand·es auront l’embarras du choix pour s’évader, se détendre ou s’émerveiller parmi les 57 installations tant artistiques qu’écologiques de la LUGA qui ponctuent plus de 11 kilomètres de parcours à Luxembourg-ville et 5 kilomètres à Ettelbruck : serre merveilleuse abritant des plantes bioluminescentes, cabanes fantastiques, oasis, pyramide vivante, ferme urbaine, labyrinthe de maïs… Des écrins de verdure et de calme dans un monde d’ordinaire trop bruyant et trop bétonné. Dans la capitale, l’exposition se déploie sur quatre sites : le parc municipal Édouard André – dans la Ville-Haute –, la vallée de la Pétrusse, la vallée de l’Alzette ainsi que le Kirchberg.

Le semestre sera également rythmé par un millier d’animations – littéralement ! Conférences, activités sportives, séances de relaxation, activités ludiques, ateliers créatifs, visites guidées, randonnées éducatives, séances de jardinage, spectacles vivants, ateliers et événements sur les thèmes de l’agriculture, de la viticulture et de l’horticulture… L’asbl LUGA 2023, chargée de l’exposition, a vu les choses en grand ! Côté terroir et gastronomie, des créations inédites viennent agrémenter le tout : crémant, bière, pain, saucisse, glace, toutes estampillées LUGA 2025.

Un projet à 22 millions d’euros

À proximité du Mudam, sur l’esplanade du Park Dräi Eechelen, se dresse l’œuvre emblématique The Living Pyramid (2015) de l’artiste hongroise-américaine Agnes Denes , figure pionnière de l’art écologique et environnemental. The Living Pyramid prend la forme d’une pyramide de neuf mètres de haut sur laquelle poussent plus de 2000 plantes à fleur sélectionnées par l’artiste parmi la flore locale. (© LUGA)

Le but de ce projet pharaonique ? « Mettre en lumière l’agriculture, la biodiversité, l’alimentation en ville et permettre la reconnexion aux espaces verts urbains », ainsi qu’imaginer « une ville du futur où l’équilibre entre la nature et l’urbain est possible », explique sur son site officiel l’association, qui revendique un événement antigaspi, antipesticides et engagé dans les pratiques durables et respectueuses de l’environnement. « Au fil du parcours, le visiteur sera amené à questionner ses perceptions, à explorer de nouveaux horizons et à repenser la relation entre l’homme et l’environnement urbain », décrit pour sa part la Ville de Luxembourg, coordinatrice de l’événement avec le ministère de l’Agriculture et la Ville d’Ettelbruck, en étroite collaboration avec la Fédération horticole luxembourgeoise. « Cet événement unique et en grande partie gratuit se définit comme un laboratoire d’idées à ciel ouvert, une plateforme d’échange et d’expérimentation, où chaque visiteur contribuera à une réflexion collective sur le devenir de nos villes. »

Mais il s’agit aussi là d’un objet promotionnel, destiné à « faire rayonner le Luxembourg à travers ses espaces verts, les parcs et jardins, l’agriculture au sens le plus large, le savoir-faire horticole, la production alimentaire locale, l’héritage agricole et tous les métiers y associés du grand-duché », répond au woxx le ministère de l’Agriculture, qui n’envisage pas à l’heure actuelle de réitérer l’événement dans les années à venir.

Il faut dire que la germination de la LUGA a pris un temps considérable : le projet aura mis plus d’une dizaine d’années à sortir de terre. Les premières idées ont ainsi commencé à émerger en 2012, avant une première étude de faisabilité en 2015, puis la création trois ans plus tard de l’asbl LUGA 2023. Prévue en effet initialement pour 2023, l’immense exposition à ciel ouvert a dû être reportée en raison du covid. Jusqu’à enfin voir le jour ce printemps.

Mais entre-temps, le coût pour mener à bien ce projet, dont la majorité des installations sont accessibles gratuitement au public, a plus que doublé : d’abord estimé à quelque 10 millions d’euros, il est désormais établi à… 22 millions d’euros, financés pour moitié par la Ville de Luxembourg et pour moitié par le ministère de l’Agriculture. Un dépassement de budget qui n’a pas manqué de faire sourciller, mais que le ministère explique dans un mail au woxx, d’après un communiqué de 2021, par « l’envergure des projets et leur implication financière d’une part et les facteurs conjoncturels (covid, amplifié par la guerre en Ukraine), dont la hausse des prix d’autre part nécessite un budget substantiel. De ce fait, le Gouvernement et la Ville de Luxembourg ont revu l’enveloppe budgétaire et allouent à l’asbl LUGA 2023 désormais un budget total de 22 millions d’euros, le budget initial de 10 millions d’euros qui [reposait] sur les estimations des coûts avancées par une étude de faisabilité en 2015 ne correspondant plus aux réalités actuelles ».

Au-delà du rayonnement

(© Tatiana Salvan)

du pays, les institutions organisatrices misent toutefois sur des retombées économiques, grâce au tourisme engendré par un tel « événement majeur, unique, qui attirera de nombreux visiteurs intéressés par le tourisme vert et culturel, à travers un marketing approprié avec tous les acteurs touristiques », précise le ministère de l’Agriculture. Les habitant·es en tout cas ne bouderont certainement pas leur plaisir de passer les beaux jours au milieu de la végétation.

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