Musique classique
 : Jeunes pousses, grand talent


Ce dimanche, place à la relève : l’Orchestre national des jeunes, sous la baguette de Pit Brosius, se produira à Mersch. Il sera rejoint par un trentenaire virtuose, le pianiste Joseph Moog.

Un orchestre de jeunes qui ne s’en laisse pas conter… (Photo : Alfonso Salgueiro)

Voilà désormais quelques années que l’Orchestre national des jeunes s’est installé dans le paysage classique luxembourgeois, soutenu par de nombreux partenaires – et notamment le Mierscher Kulturhaus, où se déroulent tous ses concerts. L’ensemble, cornaqué par le prometteur chef Pit Brosius, entend proposer à des instrumentistes de moins de 30 ans et vivant dans la Grande Région, à différents stades de leur cursus musical, de se frotter à la pratique orchestrale au contact de professionnels. Ce dimanche, à Mersch, il s’illustrera donc dans un programme parfaitement en ligne avec ceux de ses aînés : une ouverture comme mise en bouche, puis un concerto avec soliste, pour terminer avec une symphonie.

C’est dans la gaieté que commencera le concert, avec l’ouverture du Singspiel « Die Zwillingsbrüder », composé par Franz Schubert alors qu’il avait tout juste entamé la vingtaine. Très bref, ce morceau constitue une introduction particulièrement festive à la suite du programme, dans la tonalité de ré majeur… qui n’est pas innocente, on le verra par la suite.

Viendra ensuite un hors-d’œuvre copieux, le « Concerto pour piano en la mineur » de Robert Schumann. Un tube romantique du répertoire pour clavier qu’on ne présente plus, en tout cas aux mélomanes classiques. Subtil équilibre et véritable dialogue entre piano et orchestre, la partition fait moins appel à la bravoure et à la virtuosité que celles des concertos de Liszt ou de Chopin ; elle réserve cependant des moments particulièrement poignants, que restituera avec brio le soliste de l’après-midi, Joseph Moog. Bien connu au Luxembourg – il s’est déjà produit notamment avec l’Orchestre philharmonique et l’Orchestre de chambre –, l’Allemand de 34 ans viendra en voisin pour soutenir les musiciens de sa génération. Sa technique précise et son inspiration mélodique très adaptée au romantisme (certaines et certains se souviendront d’une interprétation mémorable de la « Rhapsodie sur un thème de Paganini » de Sergueï Rachmaninov en 2016) feront des merveilles. Avec peut-être pour bis une courte pièce du pianiste ? Moog poursuit en effet, outre celle de soliste, une carrière reconnue de compositeur.

… soutenu par le toucher de Joseph Moog. (Photo : Thommy Mardo)

Ré mineur et Réforme

Le plat de résistance consistera en l’interprétation de la « Symphonie no 5 en ré mineur », dite « La Réforme », de Felix Mendelssohn. On retrouvera donc ce ton de ré qui aura ouvert le concert. Cette œuvre qui célèbre la Réforme protestante est relativement mal aimée, de Mendelssohn lui-même à l’époque d’ailleurs, et figure assez peu dans les programmes de concerts. Solennelle, parfois grandiloquente, elle dégage pourtant un certain charme qu’il n’est pas besoin d’être protestant ni religieux pour goûter. Son très martial premier mouvement introduit bien l’orchestration cuivrée qui irrigue la demi-heure de musique au total, avec force éléments liturgiques. Mais le deuxième mouvement, sautillant avec ses rythmes pointés et ses rebonds entre vents et cordes, poursuit dans la voie inattendue de la gaieté, qui rappellera au public de dimanche l’ouverture du concert. Vient ensuite un troisième mouvement en forme de longue mélodie lyrique chantée par les cordes. Du Mendelssohn typique, qui se termine avec un magnifique enchaînement vers le quatrième mouvement : le choral « Ein feste Burg ist unser Gott » est confié d’abord à la flûte, rejointe progressivement par tous les vents, avant que l’orchestre tout entier conclue majestueusement. On notera à ce propos que ce même choral est au cœur d’une des plus célèbres cantates de Jean-Sébastien Bach, compositeur dont on doit à Mendelssohn la réhabilitation. Dans l’ensemble, cette cinquième symphonie propose une musique religieuse parfois un peu démonstrative, mais avec une volonté touchante de célébration et quelques surprises. L’orchestration permet également de mettre en valeur l’ensemble des pupitres, excellente affaire pour les instrumentistes du jour. Et une chose est sûre : le programme sera rehaussé par l’enthousiasme de la jeunesse !

Ce dimanche 17 avril à 17h au 
Mierscher Kulturhaus.

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