Ressorti cette année dans la collection 10/18, « Ubik » est un roman phare de l’auteur de science-fiction Philip K. Dick et rappelle pourquoi ce dernier reste un incontournable de la fiction en général.
Philip K. Dick a un certain don pour l’ubiquité : même si son nom ne vous dit rien, il est presque impossible que vous ne l’ayez pas encore croisé – ou du moins une de ses œuvres, tellement elles ont imprégné la culture et l’imaginaire contemporains.
Né en 1929, Dick n’a pas connu toute la gloire qu’il aurait méritée de son vivant. C’est vrai que dans les années 1950, même s’il était très populaire, le roman de science-fiction ne payait pas et n’était pas reconnu par les milieux littéraires. Pourtant, les livres de Dick ont connu beaucoup d’adaptations célèbres comme « Blade Runner » (basé sur « Do Androids Dream of Electric Sheep ? »), « Total Recall » (« We Can Remember It for You Wholesale »), « Minority Report », « A Scanner Darkly » ou encore la série Amazon récente « The Man in the High Castle » – basée sur une uchronie dans laquelle les nazis ont gagné la guerre.
Autant dire que les mondes parallèles, les réalités alternatives et les doutes quant à notre perception sont des thèmes qui ont obsédé Philip K. Dick jusqu’à sa mort en 1982. Peu avant, il s’est d’ailleurs déclaré habité par un chrétien persécuté du temps des Romains.
Quant à « Ubik », que beaucoup considèrent comme son œuvre la plus achevée, il faudra bien se résoudre à la lire – une adaptation cinématographique a été envisagée par Michel Gondry, mais il a préféré laisser tomber. Et il a bien raison : « Ubik » n’est pas adaptable au cinéma, les moyens de narration au grand écran étant trop limités face à l’immensité de la fiction que Dick a couchée dans ces pages.
Même si tout part d’une trame assez facile : dans un monde où l’humanité a conquis la Lune et se divise entre les personnes « normales » et les « precogs », dotées de pouvoirs psychiques pouvant prévoir l’avenir et s’introduire dans les cerveaux des autres, le technicien Joe Chip doit aider à neutraliser les « precogs » ayant de mauvaises intentions. Mais voilà qu’une mission sur la Lune qu’il accompagne foire totalement et rien n’est plus comme avant…
Les retournements de situation arrivent presque à chaque page, faisant de la lecture un vrai parcours du combattant. Mais c’est un effort qui paie tout à fait, parce qu’on y éprouve une vraie joie de voir se renverser les flux de la narration et ainsi échapper aux sentiers battus pour arriver à la fin d’un livre totalement ovni. Bref, si vous voulez échapper pour quelques jours à la réalité, allez-y !