Radio Ara : Ça déménage

De radio pirate à une des premières stations commerciales autorisées, l’histoire chamboulée de Radio Ara est en train de prendre un nouveau tournant avec son emménagement dans les Rotondes.

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Le nouveau havre de paix de Radio Ara, entre les deux Rotondes.

Sur les réseaux sociaux, les messages d’adieu se multiplient : dernières photos prises dans les studios de la rue de la Boucherie, le siège historique de Radio Ara, messages emprunts de nostalgie et de joie. Le nouveau siège d’Ara n’est plus un vieil appartement où les bureaux étroits se trouvaient dans le couloir entre les deux petits studios, ne permettant pas toujours le passage quand les intervenants étaient trop nombreux.

Car en effet, à Ara ça bouge pas mal. Que ce soient les groupes locaux qui se poussent pour participer aux émissions dédiées à la musique alternative comme le « Bloe Baaschtert » ou « Der Däiwel steet virun der Dir » – qui, soit dit en passant, devraient être entre-temps les deux émissions les plus vieilles du grand-duché consacrés à la scène locale – ou les participant-e-s aux nombreuses émissions jeunes du programme « Graffiti », qui a servi de tremplin à l’une ou l’autre carrière dans le domaine des médias, l’atmosphère à Ara a toujours été un peu particulière. Et pour cause : la seule radio alternative et citoyenne a su préserver au mieux l’esprit des années fondatrices, ces années 1980 où les radios pirates se multipliaient partout en Europe de l’Ouest. De « Radio UKaWeechelchen », en passant par « Radio Radau » pour finalement être officialisée en 1992 en tant que « Radio Ara », la route a été longue et sinueuse.

Les pirates débarquent aux Rotondes.

Mais le fait qu’en 1992 la station obtienne enfin sa licence en tant que station commerciale n’a pas été la fin de tous les problèmes. Surtout ces dernières années, ceux-ci ont eu tendance à se multiplier et risqué de temps à autre de faire couler le projet. Comme celui des fréquences : dès le début, il était clair que le 103,3 ne pouvait être qu’une solution provisoire, vu qu’une radio belge empruntait également cette fréquence. En 2013, la menace est devenue réalité et une station émettant à partir de Léglise a commencé à parasiter la fréquence de la radio communautaire. L’issue à cette débâcle a été de temporairement prendre la fréquence 103,4, opération en principe illégale car la fréquence n’est pas réservée aux émetteurs luxembourgeois. Finalement, c’est l’Alia (Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel) qui a attribué une des fréquences de la défunte station DNR, qui appartenait au groupe Saint-Paul. La même Alia vient d’ailleurs d’attribuer une autre fréquence DNR, la 107,7, à la radio de « L’essentiel » – court-circuitant les plans du groupe RTL d’agrandir encore son hégémonie sur le marché grand-ducal en lançant une nouvelle radio francophone.

De même avec les locaux. Ce n’était pas uniquement leur exiguïté qui posait problème, mais aussi les frais de location – en plein centre-ville – qui plombaient régulièrement les comptes de l’asbl qui gère la station. Et cela même avec le compromis « Ara City Radio », qui à partir de 2000 a produit des émissions pour les « expats » anglophones à caractère plus commercial, qui génèrent aussi un certain revenu, tout comme les émissions « Graffiti » pour jeunes qui émettent depuis 2004 un programme soutenu par le Service national de la jeunesse, qui a permis à l’association, au-delà d’un poste permanent, d’embaucher une éducatrice. C’est aussi par le ticket « Graffiti » que la station a pu trouver les nouveaux locaux, car les nouveaux studios des Rotondes étaient initialement prévus pour les émissions jeunes – alors que finalement c’est toute la station qui va déménager dans les préfabriqués entre les deux Rotondes. Donc, ce weekend, les ondes seront nourries à la conserve, mais dès lundi, la nouvelle étape devrait commencer – à condition que rien ne casse pendant le transport et que la nouvelle station-relais fonctionne.


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