Résidences artistiques : Courage, squattons !

La pandémie a chamboulé le train-train culturel luxembourgeois. Malgré la pluie d’annulations, certain-e-s ne se sont pas laissé-e-s aller à l’oisiveté, mais ont inventé de nouveaux formats − comme la Kulturfabrik avec ses résidences Squatfabrik.

Le nom implique un retour aux origines, car le centre culturel Kulturfabrik, pour celles et ceux qui l’ignoraient encore, est bien la seule institution culturelle du pays à ne pas avoir été conçue lors d’un conseil communal ou dans une antichambre ministérielle. Elle s’est construite à partir de la base et contre la volonté politique. Les années 1980 furent donc des années de lutte contre les politicien-ne-s, que ce soit au niveau communal ou étatique. Le nom emblématique du bar « Ratelach » émane d’ailleurs de la bouche d’un conseiller communal CSV de l’époque, qui avait hâte de faire fermer ce « trou à rats ». L’ironie de l’histoire veut qu’on retrouve souvent des chrétiens-sociaux parmi la clientèle du restaurant sur le site.

Bref, c’est une marque de fabrique de la Kulturfabrik de toujours vouloir faire les choses différemment. Et c’était probablement aussi dans l’esprit du nouveau directeur René Penning – qui connaît l’endroit aussi depuis l’époque du squat – que de rappeler ses origines au public. Ce qui, à une époque de fadeur culturelle, apporte une touche d’authenticité dont d’autres ne peuvent pas se prévaloir. Le concept de la Squatfabrik est un enfant de la pandémie, mais au lieu d’essayer de continuer sur la lancée d’avant et de proposer des versions adaptées ou autres ersatz, la Kulturfabrik a préféré trouver de nouveaux chemins et a mis sur pied un programme d’échanges artistiques éclectique qui courra jusqu’à fin septembre.

L’idée est de confronter des artistes de disciplines différentes, de leur donner les moyens de faire une résidence commune, et enfin d’ouvrir le processus comme le résultat au public. Les résidences, qui peuvent durer entre deux et trois semaines, sont donc des lieux de rencontre pour des artistes qui ne se connaissaient pas forcément avant et qui doivent inventer une plateforme commune pour leurs créations.

Du point de vue des disciplines, ça part dans tous les sens : design et art pour la première édition avec Nora Wagner, Mett Hoffmann et Irina Moons, arts plastiques et peinture avec Trixi Weis, Letizia Romanini et Alexandra Lichtenberger pour la deuxième, macramé et architecture pour la troisième avec Sara Caldarola et Rod Baïz, art médiatique avec Anna Rubin et le collectif cooperationsArt, et puis graffiti et peinture avec Marc Pierrard et Pasko.

L’atelier-résidence qui se tient en ce moment est plus axé sur l’aspect musical : la chanteuse Claire Parsons y retrouve le designer Rick Tonizzo. Leur événement « Get Out », donc le finissage et la présentation du concept fini au public, est prévu vendredi prochain 11 septembre. La dernière résidence de la série débutera le 15 septembre et sera présentée au public le 26 – elle confrontera la graphiste Lisa Keiffer à la créatrice de meubles Roxanne Flick.

Au-delà du concept rafraîchissant, on peut saluer aussi la prise de risque de la Kulturfabrik, car tous les projets n’ont pas une garantie de réussite. Dans le monde culturel du moment, où tout doit être planifié et où des garanties de bonne fin font partie de tous les contrats, c’est plutôt inusuel et osé.

Bref, il ne reste qu’à souhaiter que la Kufa continue ce programme – pandémie ou pas pandémie !

Prochain « Get Out » le 11 septembre à la Kulturfabrik.

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