La pollution des mers détruit l’environnement, mais elle affecte aussi la santé mentale : la compagnie Eddi van Tsui parle de l’anxiété écologique dans son conte réaliste « Ecological Anxiety Disorder ».
« Les pollutions accidentelles des eaux causées par des naufrages nous ont semblé des objets de fantasmes. Le problème de la pollution des eaux est aussi beaucoup plus vaste que la question du plastique dans la mer », dit Pierrick Grobéty, musicien, compositeur et cofondateur de la compagnie Eddi van Tsui au woxx. « La pièce est basée sur des recherches scientifiques du Centre de documentation, de recherche et d’expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux et de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer. » Lorsque Grobéty dit « la pièce », il se réfère au spectacle « Ecological Anxiety Disorder », projet pluridisciplinaire coproduit par la Kulturfabrik. Celui-ci thématise l’anxiété face aux répercussions de la crise écologique. Un phénomène qui touche aussi bien les victimes de catastrophes naturelles que des personnes conscientes de la crise écologique.
« Ecological Anxiety Disorder » a été réalisé dans le cadre du 12e congrès de l’International Association of Word and Image Studies à l’Université du Luxembourg, qui se tiendra le 12 juillet 2021. Le thème : « la mer et l’eau ». « Ce thème est très large. Nous avons dû faire un choix. Comme on interprète des thèmes engagés dans nos productions et qu’on a toujours voulu aborder le sujet écologique, c’était une bonne occasion de le faire », explique Sandy Flinto, artiste pluridisciplinaire et cofondatrice de la compagnie Eddi van Tsui. Le résultat est un conte, une odyssée poétique et troublante. « On a choisi le conte, mais les problèmes sont réels », dit Grobéty. Flinto ajoute : « Une autre inspiration a été le mythe de Cassandre : elle prédit l’avenir, mais personne ne croit en ses paroles. Ici, il y a un parallèle avec les personnes atteintes d’angoisse écologique : souvent, elles ne sont pas prises au sérieux. »
Comment mettre en scène cette impuissance face à l’ignorance de la société et à sa propre angoisse ? La compagnie Eddi van Tsui combine la danse, le théâtre, la musique et le chant. Un aquarium sert d’élément de bruitage : des vibrations qui s’y infiltrent causent des effets acoustiques. Les corps des danseuses Deborah Lotti et Eva Aubigny, de même que ceux des danseurs Baptiste Hilbert et Giovanni Zazzera, racontent l’histoire aux airs de mythe par des mouvements. La soprano Valérie Stammet figure comme contrepoids aux basses profondes du son. Deux voix off complètent la scène.
La compagnie, qui compte dans ses rangs aussi le dramaturge et auteur Daniel Marinangeli, n’est pas la première à aborder le thème écologique dans le monde du spectacle vivant au Luxembourg. En 2020, la compagnie Les FreReBri(des) a créé la pièce de théâtre « Robert(s) » sur l’éveil à la conscience écologique, en essayant de la produire avec la plus basse empreinte carbone possible. « Ce n’est pas rare que le climat et la pollution soient abordés dans le spectacle vivant. Je pense quand même qu’il faut faire attention au dosage des choses : il faut que ça reste artistique », évoque Flinto. En ce qui concerne l’empreinte carbone des productions artistiques, Grobéty distingue entre les pièces de théâtre sans amplification du son ou des images et les projections audiovisuelles dans l’espace public « écologiquement chères ». « C’est difficile de faire un calcul fiable de l’impact climatique des arts vivants », conclut le musicien.