Tullio Forgiarini : Céruse

Dans son nouveau roman, Tullio Forgiarini s’attaque aux grands thèmes de la littérature, notamment l’acte de l’écriture lui-même. Mais pas que : « Céruse » est une exploration de la psyché humaine digne d’un David Lynch.

Cette fois, ce sera plus difficile de transposer au grand écran – même si chaque chapitre de « Céruse » invite les lectrices et lecteurs à se faire leur propre cinéma dans leur tête. Mais trouver une ligne directe dans la pelote de laine qu’est ce roman serait certainement une grande épreuve. Au centre se trouve Saturnino Bianchi, ex-professeur devenu écrivain à plein temps par la force des choses qui accepte d’écrire l’autobiographie de Céruse, un homme aussi riche que craint, car il est un monstre pour ses proches et celles et ceux qui croient pouvoir l’approcher. Ce que Bianchi va constater bien à ses dépens – même si le monstre est en train de crever d’un cancer, ses crocs sont bel et bien redoutables.

À force de ramper dans la boue qu’est la vie de Céruse, Bianchi va commencer à se dissoudre comme la poudre blanche que son mystérieux nouveau maître ajoute dans son café. Jusqu’au moment où les limites entre son existence et les autres personnages vont fondre, ce dont Forgiarini profite pour mettre en scène quelques-unes des meilleures pages que nous avons pu lire en cette année somme toute merdique.

Nous n’en dirons pas plus sur l’histoire et comment ça va se finir pour le pauvre bougre entraîné dans une spirale de vice ancestral. Ce que nous pouvons en dire, c’est que Forgiarini fait vraiment feu de tout bois : anecdotes tirées de la vie bien réelle, extraits de roman noir saupoudrés d’un brin d’érotisme salace, écriture en poupées russes, roman psychologique et finalement un écrit sur l’écriture. Et tout cela sans s’emmêler les pinceaux et sans donner l’impression que l’écrivain voulait tout d’abord satisfaire ses immenses ambitions avant de penser à son public.

Bref, « Céruse » c’est rusé, c’est beau comme c’est compliqué, et ça prouve une fois de plus le talent de Forgiarini sur la scène littéraire luxembourgeoise. Petite astuce : tapez « Céruse » sur Wikipédia avant d’entamer la lecture, ça aide !

Aux éditions Hydre. 


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