Timsit Patrick: Quelqu’un de bien

Il ne suffit pas de toucher à des sujets tabous ou scabreux pour faire une bonne comédie. L’oeuvre la plus récente de Patrick Timsit nous fait plutôt mourir d’ennui que de rire.

FILM „COMIQUE“

Sans foie ni loi

Peut-on rigoler de tout? Telle est la question fondamentale que l’on se pose en visionnant „Quelqu’un de bien“. Si on se réfère à la condamnation de Patrick Timsit, il y a quelques années, par le tribunal de Paris pour s’être moqué des enfants mongoliens dans un sketch, alors c’est non. Patrick Timsit ne s’est pourtant pas découragé. Dans ce film qui est sa seconde réalisation, il prend pour cible les dons d’organes et la transplantation, le tout sur un ton ironique à souhait mais pas toujours de bon goût.

Pierre, alias Patrick Timsit, a tout pour être heureux: une jolie compagne, un magasin de vêtements qui marche plutôt bien et une maison au bord de la mer. Mais tout cela n’est qu’apparence car la mort le guette et bondira sur lui dans les quatre mois. La raison de ce décès au futur proche est simple : lorsque son frère, Paul (José Garcia) lui a piqué sa compagne, Pierre a tenté de noyer son chagrin dans l’alcool. Aujourd’hui, il paie ses excès par une cirrhose du foie. Son unique chance de survie est la greffe, mais la liste d’attente est trop longue – ses jours sont donc comptés. Sa porte de sortie, son ticket pour la vie, il ne peut l’avoir que via Paul, son frère ennemi depuis dix ans. Rancunier jusqu’à la moelle, Pierre préfère de loin affronter la mort plutôt que de s’adresser à son frère.

Dire que „Quelqu’un de bien“ n’est pas un film réussi est un euphémisme. Au départ, tout paraissait parfait pour une bonne comédie. L’histoire était originale, l’affiche alléchante et la première réalisation de Patrick Timsit, „Quasimodo del Paris“, faisait croire que Timsit était l’homme des comédies réussies, une sorte de Gérard Oury ou de Francis Veber du 21e siècle. Hélas, les résultats de l’autopsie n’ont rien d’encourageant. Si la mise en scène sonne juste grâce à un montage rapide comme il en faut pour ce genre de films, Patrick Timsit fait pâle figure par rapport à José Garcia qui prend à lui seul tout l’écran. On a bien compris qu’il a voulu mettre en opposition deux frères au tempérament opposé : Pierre est un garçon effacé, aisé mais modeste, alors que Paul est extravagant, surendetté et „m’as-tu vu“. Ce n’était donc pas la peine d’en rajouter jusqu’à en frôler l’indigestion. Heureusement, il y a quelques scènes avec Marianne Denicourt pour temporiser tout cela.

Insoutenable lourdeur

Mais le pire, c’est qu’à aucun moment Patrick Timsit ne parvient à nous faire rire. Les rares moments où l’on aurait pu dérouiller nos zygomatiques ne sont en définitive que des situations bien trop lourdes et complètement débiles. Le reste du temps, on parle beaucoup de „zézette“, bagnole, drague et alcool, qui sont les leitmotiv de cette histoire qui tourne beaucoup en rond sans pouvoir décoller un seul instant. Tant et si bien que l’on cherche en vain quelques messages semés par-ci, par-là, traitant de l’égoïsme, de la lâcheté, du pardon. Rapidement on constate que l’on fait fausse route.

En principe, le b a ba d’une comédie est, outre le fait de nous faire rire, celui de ne pas nous laisser le temps de regarder le temps passer. Or, avec „Quelqu’un de bien“, après à peine trente minutes, on regarde plus souvent sa montre que l’écran. „Quelqu’un de bien“ n’est en définitive qu’une succession de saynètes sans grande importance ni consistance que l’on oubliera rapidement. Peut-être conscient au fil du tournage que son film n’atteindrait pas l’hilarité espérée, Patrick Timsit a tenté de changer le style et a installé quelques scènes à la limite du gore, mais toujours sans résultat. Reste le côté sentimental et moralisateur, ce qu’il fallait absolument éviter pour ne pas tomber dans le piège des clichés. Et, comme s’il n’avait pas encore fait assez de dégâts, il nous flanque au visage une fin archi-téléphonée. Pour le spectateur, c’est le coup de grâce et la crise de foie assurée pour cause d’humour trop gras et d’histoire trop indigeste.

Thibaut Demeyer

„Quelqu’un de bien“, actuellement à l’Utopia.


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