L’adaptation du roman de Dickens par le réalisateur confirmé déçoit à plus d’un titre. „Oliver Twist“ est un film dépourvu de profondeur et d’acteurs convaincants.
Trois ans après la Palme d’or pour „Le Pianiste“, Roman Polanski adapte le chef d’´uvre de Charles Dickens „Oliver Twist „. Selon lui, pour que ses enfants puissent enfin voir une de ses ´uvres au cinéma.
Il est vrai que Polanski n’a jamais été très tendre avec la grande toile et l’âge aidant (il a 72 ans), il commence à faire le bilan d’une vie pas toujours exemplaire et plus souvent parsemée de ronces que de roses. „Le Pianiste“ était le reflet partiel d’une période noire de sa vie. A l’époque, ce dernier film était considéré comme son ´uvre la plus personnelle. Avec „Oliver Twist „, il remet le couvert et utilise le roman de Charles Dickens pour nous parler une fois de plus d’une de ses périodes difficiles. On a même l’impression que Roman Polanski tente de se faire pardonner quelque chose en nous racontant des histoires tristes et proches de ce qu’il a vécu.
Les difficultés dans les adaptations cinématographiques des grandes oeuvres littéraires sont multiples. Le public a trop tendance à faire des comparaisons, à reprocher à une adaptation d’être trop fidèle ou à l’inverse trop personnelle. Dans ce cas bien précis, Roman Polanski, même s’il prétend qu’il s’agit d’une ´uvre personnelle, n’a pas cherché de midi à quatorze heures, mais plutôt à raconter une histoire qui se termine bien.
A l’ère Victorienne, la misère allait bon train et c’est aussi à cette époque là qu’Oliver Twist décide de venir au monde. Abandonné à la naissance, le petit Oliver grandit dans un orphelinat où il ne tardera pas à se faire exploiter. Rêvant d’une vie différente, il fuit à Londres en espérant vivre sous de meilleurs cieux. C’est ce qu’il croit d’ailleurs lorsqu’il est recueilli par Fagin, un vieil homme qui offre l’hospitalité aux enfants abandonnés en échange de petits larcins.
Vu que le roman de Charles Dickens ne laisse pas vraiment de place à une réinterprétation, il ne restait à Polanski que la mise en image et la transmission de sentiments et d’émotions. Mais „Oliver Twist“ – tourné entièrement en décor artificiel en République Tchèque – ressemble davantage à une ´uvre sortie tout droit des tableaux de primitifs flamands. Tout est propre, net et lisse. Les scènes censées nous montrer les misères et les désarrois de l’époque sont sans âme et sans profondeur. Seules celles qui montrent le monde de Fagin semblent vraies et s’approchent de ce que le film aurait pu ressembler deux heures durant. Quant à la musique additionnelle, celle qui, dans ce genre de film, nous dit à quel moment on doit sortir les mouchoirs, elle est loin de provoquer l’effet escompté.
Même le jeune Barney Clark manque de crédibilité et semble être plus à l’aise dans des costumes bourgeois que dans ceux d’Oliver Twist. En revanche, Ben Kingsley en vieux Fagin au nez crochu est une fois de plus époustouflant et hausse le niveau du film d’un cran.
Avec „Oliver Twist“, Roman Polanski s’est fait plaisir et a fait plaisir à toute sa famille. Mais il déçoit par une réalisation trop conventionnelle et un film trop formaté où l’on ne parvient pas à ressentir la dureté sociale et émotionelle du roman d’époque. Avec son visage d’ange et de petit garçon honnête, „Oliver Twist“ enchaî ne les aventures sans grande performance, avec une certaine lancinance et sans aucune inquiétude, comme s’il était persuadé qu’il vit une mauvaise passe et qu’en définitive, tout ira mieux demain. Un peu trop léger tout cela.