Place financière : In Money we Trust

L’organisation « Luxembourg for Finance » (LFF) informe qu’elle a compilé les codes de déontologie de ses membres, afin de les rendre accessibles au grand public (www.lff.lu). A travers ces codes, « le Luxembourg et sa place financière réitèrent leur adhésion à une morale des affaires qui peut être décrite simplement comme le respect d’autrui », se réjouit LFF. Mais qu’on se rassure ! Il ne s’agit pas d’appliquer des critères moraux à la provenance des dépôts d’argent, du moment qu’il n’y a pas conflit avec les lois grand-ducales. Ni de « respecter » les citoyen-ne-s de pays proches, lésé-e-s par ceux et celles qui échappent à l’impôt. Ni surtout les populations de pays lointains, dans lesquels les puissants volent les richesses pour les déposer en lieu sûr. Les acteurs et actrices de la place luxembourgeoise suivent simplement « un fil rouge, celui de l’honnêteté, de l’équité, de la loyauté vis-à-vis des clients, du respect de l’intégrité des marchés, de la compétence, de la transparence et finalement du respect de la règle ». Au moment où les suites de l’affaire Madoff jettent un doute sur la transparence et la loyauté envers les client-e-s, il est clair à qui est adressé ce message.
Alors que le gouvernement assure qu’il tiendra compte du récent rapport sur la lutte contre le blanchiment du Groupe d’action financière de l’OECD, cela vaut la peine de jeter un coup d’oeil sur le document en question. On y apprend que le Luxembourg est « en grande conformité formelle par rapport aux normes internationales ». C’est au niveau pratique que le bât blesse : « depuis 2003, des sanctions (…) n’ont été prononcées que dans 8 cas », « les cas de confiscation sont rares » et la « cellule de renseignements financiers » n’est composée que « de 6 personnes en charge des tâches opérationnelles, ce qui est insuffisant par rapport au nombre de déclarations d’opérations suspectes en constante progression ». De quoi confirmer les critiques qui dénoncent depuis longtemps le hiatus entre théorie et pratique.
Un de ces critiques va probablement se taire à l’avenir : Ernest Backes, auteur de « Révélation$ », vient de se faire condamner dans l’affaire qui l’opposait à Clearstream. Amende modique, publication du jugement à ses frais, euro symbolique pour les plaignants – il s’en sort relativement bien. Son co-auteur Denis Robert a renoncé, il y a presque deux ans, à toute prise de position sur l’affaire, après avoir subi des condamnations lourdes. Dans la dernière entrée de son blog, Robert écrivait : « Je jette l’éponge. (…) Ma confiance envers la justice et les hommes qui ont à juger de mes écrits s’est émoussée. Les tribunaux sont plus sensibles à l’air du temps et au harcèlement juridique d’une société aux moyens inépuisables, qu’à l’examen des faits. »


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