FIXERSTUFF: Les bonnes voix

Les polémiques autour de la « Fixerstuff » de Bonnevoie font rage dans la presse – après les habitan-t-e-s du quartier, c’est au tour des sans-abris de s’exprimer.

Il n’était pas difficile d’anticiper la thématique du nouveau numéro du magazine « Stëmm vun der Strooss » – édité par l’ONG du même nom qui siège à Bonnevoie : la polémique autour de la nouvelle « Fixerstuff ». Ce sujet concerne l’ONG au premier rang. Et ce que ni la presse, ni la « Stëmm vu Bouneweeg » n’ont fait – écouter les soi-disant « fauteurs de trouble – c’est elle qui s’en charge.

Ce qui peut étonner à la lecture du dossier spécial « Bouneweeg : vill Stëmmen, keen Dialog », c’est la retenue, voire la sagesse des propos. Ainsi, beaucoup de sans-abris se disent d’accord avec les habitant-e-s du quartier. Tous craignent une détérioration de la qualité de vie avec la création d’une nouvelle structure d’accueil pour toxicomanes qui serait ouverte 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Les textes regorgent de critiques envers les toxicomanes et les sans-abris. Ainsi Yves E. tient à clarifier qu’il trouve insupportable que les junkies laissent traîner leurs seringues et autres ustensiles sur les aires de jeux pour enfants ou tout simplement dans la rue. La même chose vaut selon lui pour les clochards qui urinent sur les façades des maisons et agressent des personnes qui – a priori – ne leur ont rien fait. Tous ces gestes n’aideraient pas beaucoup à l’instauration d’un dialogue entre les institutions en charge des plus démuni-e-s et les associations d’habitant-e-s en colère, qu’Yves dit comprendre… jusqu’à un certain point. Car, vouloir instaurer le respect de l’autre veut aussi dire se montrer tolérant face à celles et à ceux qui n’ont pas eu la chance de grandir dans un milieu qui les protège de la dérive sociale.

En somme, le message des articles contenus dans le dossier est de dire que les sans-abris comprennent la colère de la « Stëmm vu Bouneweeg » et qu’eux aussi aimeraient que les choses changent, mais qu’il ne suffit pas de pointer du doigt les démuni-e-s pour que quelque chose bouge enfin. Ils revendiquent au contraire un vrai dialogue avec tou-te-s les concerné-e-s, et pour cela il faudra aussi que la politique sorte de sa réserve. Au lieu de partir à la chasse de voix en se mettant du côté des habitant-e-s, il serait temps que les politicien-ne-s se mettent à écouter toutes les voix pour trouver des voies hors de la situation actuelle, qui ne satisfait personne.

Pourtant, un homme politique, le député libéral et échevin de la ville de Luxembourg Xavier Bettel, a tenu à s’exprimer sur la situation au sein du dossier de la « Stëmm ». Dans l’interview menée par l’équipe du magazine, il va même jusqu’à dire qu’il n’aurait pas peur de perdre des voix et qu’il s’engagerait à se concerter avec tout le monde pour trouver une ou des solutions. Tout de même, Bettel n’est pas fou, et en lisant bien, on constate qu’il ne veut surtout pas dépasser ses limites : à plusieurs reprises il insiste sur la responsabilité de l’Etat dans la création de ces structures. Cela lui permet de sortir un peu la mairie de la ligne de mire, qui, comme on le sait bien, est fermement aux mains du DP. C’est bien dommage, même si on doit lui reconnaître le courage d’avoir été le premier politicien à s’intéresser aux « autres voix » de Bonnevoie.

En somme, le message est passé : les sans-abris ont le mérite d’être pour l’instant le seul parti prêt au dialogue et à l’autocritique, c’est maintenant aux autres de faire de même, si on veut que la situation change pour tout le monde.


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