MUSIQUE CLASSIQUE: Chanteur de tête

« Artist in Residence » à la Philharmonie, le ténor Ian Bostridge donnera ses premiers concerts dans les semaines qui viennent. Et aura l’occasion de montrer toutes les facettes de son talent.

Ose le pathétisme comme moyen d’expression :
Ian Bostridge.

« Mein Herz, in diesem Bache… » Dans une baraque mal éclairée, assis devant un feu ouvert, un homme chante doucement. « Erkennst du nun dein Bild ? », reconnais tu ta propre image dans ce ruisseau ? L’attaque est ténue, suraiguë, typique des ténors, l’intonation un peu maniérée, mais dans l’esprit du texte. Le piano se met à jouer fort, la caméra zoome sur le chanteur : visage allongé, joues creuses, yeux grand ouverts, Ian Bostridge incarne de manière convaincante le jeune romantique fragile de la « Winterreise » de Franz Schubert. Et le DVD qu’il y a consacré divise les opinions, comme toutes les performances de cet artiste : kitsch et artificiel pour ses détracteurs, extroverti et recherché pour ses fans.

Ces derniers se réjouiront, car le ténor britannique donnera deux concerts à la Philharmonie dans les semaines qui viennent. Le 26 octobre il chantera des airs pour ténor du 18e siècle, et sa performance du 10 novembre sera consacrée au Spanisches Liederbuch de Hugo Wolf. Bostridge, qui a déjà fait escale au Luxembourg au printemps 2009, est un artiste versatile, son répertoire – et sa discographie – allant de Georg Friedrich Händel à Benjamin Britten et du lied romantique jusqu’au rôle d’opéra.

Ian Bostridge sera « Artist in Residence » à la Philharmonie jusqu’en 2011, avec au programme des concerts consacrés à Schubert et Britten, ainsi qu’une séance pour enfants et une masterclass. Rappelons que Bostridge a une image de musicien intellectuel et est docteur en histoire et philosophie des sciences. L’année dernière, son style réputé froid et artificiel a convaincu dans un récital Händel. Sur disque, le chanteur britannique fait merveille dans son English Songbook et dans les Illuminations de Britten. Pour Schubert par contre, nous sommes plus réservés : dans des pièces comme « Erstarrung » ou « Einsamkeit » de la « Winterreise », Bostridge choisit de forcer l’expression d’un bout à l’autre, plutôt que de ménager ses effets. Mais l’enregistrement date de 1997 et d’autres morceaux, comme « Wasserflut » profitent indubitablement de son éloquence.

Cette éloquence vaudra sans doute à Ian Bostridge des ovations lors du premier concert – les airs de ténor baroques sont techniquement difficiles, mais relativement légers côté interprétation. Il en va autrement des pièces de Wolf, cet autre grand compositeur de lieds allemands, que le ténor britannique présentera aux côtés de la mezzo autrichienne Angelika Kirchschlager. C’est lors de ce deuxième concert qu’il pourra montrer que son talent est à la hauteur de sa réputation. Nous ne demandons pas mieux que d’être séduits.

« Tre Tenori », par Ian Bostridge, le 26 octobre, 20h, à la Philharmonie. « Spanisches Liederbuch » de Hugo Wolf, le 10 novembre, 20h, à la Philharmonie.


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