« Couple ouvert à deux battants » nous parle de l’histoire du couple moderne et libéré. Une pièce, qui même 30 ans après sa création, n’a pas perdu d’actualité.

THEATRE
« This is a man’s world, (…) But it wouldn’t be nothing, nothing without a woman. » C’est la première chanson qui envahit une scène assez minimaliste avec des cartons de déménagement éparpillés sur terre – le scénario d’une vie conjugale qui fonce vers la rupture. « Couple ouvert à deux battants » est une pièce à la fois grinçante, burlesque et tragi-comique, mise en scène par Marion Poppenborg au Théâtre Ouvert Luxembourg TOL. Cette comédie de moeurs à l’italienne sur le thème du couple et ses contradictions a été écrite en 1983 par Dario Fo et sa femme Franca Rama.
L’histoire est simple : un homme et une femme mariés depuis plus de dix ans explorent la situation amoureuse de leur couple. Ils représentent le couple fermé, dit « traditionnel ». L’homme s’ennuie et multiplie les conquêtes. Sa femme, désespérée, ne supporte plus les infidélités de son mari et menace vainement de se suicider. Sourd à son appel au secours, le mari lui propose une union libre dans laquelle il serait possible d’aller voir ailleurs à son gré. L’épouse, devenue « ennuyeuse », prend le contre-pied de son existence : Elle se reconstruit et prend un amant, en plus pas n’importe qui mais un physicien-atomiste chanteur de rock’n roll. Et le mari se rend enfin compte, qu’il est beaucoup moins ouvert au libertinage quand il s’agit de sa propre femme. Scènes de ménage, mensonges et manipulations : lequel des deux sera le plus libre dans ce couple hors norme ? Et comment retrouver un second souffle ?
C’est les performances énergétiques de Véronique Fauconnet et Frédéric Frenay, qui donnent à cette pièce son air virevoltant. Ils transposent la pièce sur un rythme soutenu tout le long de la scénographie. Prenant à témoin le public par des interactions directes, les acteurs livrent aux spectateurs les étapes de cet essai d’union libre, tantôt en les racontant, tantôt en les jouant.
Ce thème universel, l’histoire du couple moderne et libéré – ou presque – n’a pas perdu d’actualité : ainsi la critique de l’hypocrisie de Dario Fo et de Franca Rame ne visait pas uniquement l’Italie des années 60 et 70 entre conservatisme et libération sexuelle imposée – mais exhibait surtout la domination masculine. Une critique bien actuelle, si on pense à tous les Silvio Berlusconi d’aujourd’hui. « Couple ouvert à deux battants » est ainsi teinté du militantisme antimachiste de Franca Rame, pour qui la sphère privée avait toujours une importance politique. Elle se pronoçait contre ces hommes et politiciens libéraux et ouverts sur la tribune publique, mais qui se comportaient comme des fascistes bourgeois à la maison face à leurs femmes et à leurs proches.
Pourtant la pièce ne va pas au-delà de cette critique. La comédie caricature même les comportements des représentants de Mars et de Vénus. Et ce sont ces typographies là, qui rendent le développement de l’histoire assez prévisible. « Couple ouvert à deux battants » est ainsi une pièce légère et burlesque – très bien interprétée par les acteurs – ne proposant pas de solution miracle à un couple à bout de souffle.
A voir au TOL le 8, 9, 13, 14, 15, 28, 29 et 30 avril à 20h30.