VILLE DE LUXEMBOURG: La douceur tranquille

L’accord de coalition bleu-vert dans la capitale contient de nombreux détails intéressants. L’orientation générale est néanmoins assez sage.

« Nous voulons mettre un accent particulier sur l’implication directe des citoyennes et citoyens dans l’organisation de notre société. » Le renforcement de la démocratie participative est affiché comme une des pièces maîtresses du programme du nouveau conseil échevinal de la ville de Luxembourg. Pour cela, la coalition bleu-verte relancera peut-être les « comités de quartier » controversés, mais procédera certainement à la diffusion via internet des réunions du conseil communal. Dans le même ordre d’idées, elle introduira un système de « tracking » des demandes adressées à l’administration communale. Moins high-tech, mais bien plus significative, l’implication des partis d’opposition dans les débats des commissions consultatives : même les petits partis seront représentés dans chaque commission, et deux d’entre elles seront présidées par des conseillers de l’opposition.

Le même genre d’avancées réelles mais modestes se retrouve en matière de politique environnementale et de transport, sous la responsabilité du premier échevin François Bausch. Véritable vitrine de la capacité des Verts à changer des choses, ce domaine avait été la cible de nombreuses critiques, aussi bien de fétichistes de l’automobile que d’écolos insatisfaits. Le conseil échevinal poursuivra un cours médian, en construisant des infrastructures pour la mobilité douce – ascenseur vers la Gëlle Fra et pont entre Cents et Kirchberg – tout en dorlotant les automobilistes avec une modernisation des parkings souterrains. On regrettera que les particules fines dues à la circulation qui empoisonnent les citadins, sont ignorées dans le programme. Par contre, on exige « l`application stricte des règlements de vol et notamment de l`interdiction des vols de nuit » au Findel.

Autre pièce maîtresse, la construction de logements. « Il s’agit de logements abordables, non de logements sociaux », a cru bon de préciser le nouveau bourgmestre Xavier Bettel. Il est vrai que la clientèle électorale des deux partis au pouvoir se trouve plutôt dans la classe moyenne. Cela n’empêche pas la coalition de prévoir aussi la construction de nouveaux logements sociaux… il faudra juger sur pièces, car le passé récent en la matière n’est guère glorieux.

La responsabilité de la politique sociale passe du DP à Déi Gréng en la personne de Viviane Loschetter. Elle procédera à une réorganisation des services sociaux avec l’objectif « le bien-être et l’égalité des chances pour tous les citoyennes et citoyens ». Or, si les Verts s’occupent à la fois du social et de l’environnemental, ils semblent avoir du mal à intégrer les deux aspects : en matière de logement, l’écologie est un sujet marginal, et le sujet sensible des taxes communales n’est même pas abordé dans l’accord de coalition.

Sur un autre sujet par contre, le conseil échevinal parvient à devancer les critiques : les caméras de surveillance. L’accord retient que l’étude Visupol (woxx 1133) démontre leur inefficacité dans la prévention et constate la délocalisation des problèmes d’insécurité, le conseil échevinal se prononce contre la continuation de la surveillance – une bataille qui devrait être menée dans l’arène de la Chambre. Reste à savoir si la ville elle-même n’aurait pas les moyens de mettre des bâtons dans les roues du « Supercop » Jean-Marie Halsdorf, qui lui rêve même d’une extension de la vidéosurveillance.

Surtout, on risque d’assister à un deal où le ministre de l’Intérieur accorderait à la Ville le droit de mettre sur pied une police municipale, en échange de son acceptation des caméras. Ainsi, les policiers municipaux, présentés dans l’accord de coalition comme une alternative positive à la vidéosurveillance, viendraient juste compléter les caméras dans le dispositif de contrôle total de l’espace public par les autorités. Dans une ville dans laquelle l’application du code de la route est laissée à la discrétion des automobilistes, on en arriverait à criminaliser les piétons qui renversent des poubelles ou laissent traîner des mégots.


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