INDEX, SALAIRES, RETRAITES: Pas touche !

Radical, l’OGBL ? Dans le détail, les positions sont plus nuancées qu’il n’y paraît. Mais le ton est virulent, adapté au nouveau style de « dialogue social ».

« L’indexation serait un fardeau trop lourd pour les entreprises. Presque tous les partis partagent ce point de vue. Pour nous, cela constitue un défi. » Jean-Claude Reding n’a pas froid aux yeux. Déçu par l’attitude de l’allié traditionnel socialiste comme par celle des Verts, le président de l’OGBL considère que les faits lui donnent raison : ainsi, une étude de l’Observatoire des prix montrerait que l’inflation proviendrait moins des augmentations de salaire que de la hausse des prix administrés.

Reding avait bien préparé son argumentation pour la conférence de presse du principal syndicat mardi dernier. « La Commission européenne elle-même prédit une récession due aux politiques d’austérité en Europe. » Sans en tirer les bonnes conclusions. Car pour le syndicaliste, c’est l’augmentation des salaires qui permettrait de gonfler la demande et de sortir de la crise. Il juge la politique européenne actuelle nocive, et ne veut pas se satisfaire de la politique « moins pire, mais toujours mauvaise » que mène le Luxembourg.

C’est en abordant la question du salaire minimum que Reding se montre vraiment virulent : « Demander sa baisse à 1080 euros, parce que le travail fourni ne vaudrait pas plus, est une insulte aux gens qui travaillent pour le salaire minimum. » Le président de l’OGBL estime que si le patronat abandonne son attitude décente du passé, il doit être interpellé sur ses propres revenus : « Est-ce que le travail de l’économiste qui a proposé ce chiffre vaut un salaire dix fois supérieur ? Et qu’en est-il de la productivité de Monsieur Wurth, qui gagne plusieurs millions d’euros ? »

En abordant la réforme des retraites, le ton de Reding change une nouvelle fois. Certes, il se moque un peu des fameuses projections à long terme – « les nôtres vont jusqu’en 2092 », lance-t-il. Mais sur le fond, la critique est mesurée. L’OGBL ne refuse pas le principe de faire travailler les salariés au-delà de 60 ans, mais seulement le fait que cela se fasse « sans mettre en place une politique qui adapte le travail aux besoins spécifiques de travailleurs plus âgés ». De plus, pour que les travailleurs aient effectivement « le choix de retarder leur départ à la retraite », afin de toucher une pension pleine, le syndicat souhaite des « mesures concrètes pour maintenir les travailleurs âgés dans l’emploi ». Notons que même Déi Lénk, qui présentera sa position au moment du bouclage du woxx, ne va guère plus loin. Pas de rejet pur et simple de l’allongement de la période de travail, mais Marc Baum, interrogé par le woxx, regrette que le patronat ne soit pas mis à contribution pour maintenir l’équilibre du système. « Pour nous, il y a d’autres mesures possibles que l’allongement, notamment au niveau du partage des gains de productivité. »

Comme l’OGBL, Déi Lénk déplore que la réforme agisse seulement du côté des dépenses. Et, comme lui, ils proposent plusieurs sources de recettes nouvelles. Certes, lors de la présentation de la réforme début février (woxx 1148), le ministre Mars Di Bartolomeo a évoqué de telles mesures, même s’il les concevait plutôt comme se substituant aux cotisations existantes. Mais on peut comprendre la méfiance du parti et du syndicat à l’égard des promesses du ministre : ses actes ne suivent pas toujours ses paroles. Ainsi, il avait présenté la réforme comme assurant « l’équité entre les revenus disponibles des actifs et pensionnés ». L’idée étant de réduire les ajustements et de supprimer les allocations de fin d’année des retraités dans la mesure où une augmentation des cotisations des salariés devenait nécessaire. Or le projet de loi prévoit bien les circonstances dans lesquelles on grignotera les prestations, mais le seul passage concernant les cotisations précise que celles-ci sont gelées jusqu’en 2022, à la grande satisfaction du patronat et du ministre des finances.


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