CINEMAS: Adieu Belval ?

Certains diront qu’ils l’avaient vu venir. Depuis sa création, le CinéBelval luttait pour devenir rentable et son environnement ne l’a pas vraiment aidé dans sa tâche.

Quand, en 2008, le CinéBelval a ouvert ses portes, on pouvait soit admirer le courage entrepreneurial derrière la tâche ou s’étonner de la mégalomanie qui a bien pu pousser une petite entreprise à faire un tel cinéma. Le deuxième Multiplex du pays devançait en prouesses technologiques son concurrent direct, l’Utopolis. Non seulement en nombre de sièges mais aussi en matière de technologie : le CinéBelval possède l’écran géant le plus grand du Benelux avec 220 mètres carrés et un système de comptage électronique des sièges.

Mais voilà, toutes ces avancées technologiques ne suffisaient pas à pallier les nombreux désavantages du site. Premièrement parce que Belval, même si le développement prévu par l’Agora avance selon les plans, était, est et restera encore longtemps un vaste chantier – donc difficile d’accès en voiture comme avec les transports en commun. Et puis aussi à cause de l’environnement commercial in-stable, des boutiques du centre commercial où le CinéBelval réside qui font faillite, des investisseurs qui se retirent? Bref, à ses débuts surtout, aller voir un film le soir au CinéBelval pouvait être une vraie aventure puisqu’on risquait de se retrouver un peu perdu sur le vaste chantier sans âme qui vive et sans café ouvert. Un autre problème du CinéBelval était sa programmation sans plus-value face à la concurrence de l’Utopia. Et surtout, elle était jusqu’à aujourd’hui essentiellement composée de Blockbusters à l’américaine. Certes, cela attire un certain public, mais peut vous séparer d’un autre qui désire voir des films de qualité artistique. Reste à ajouter que dans l’événementiel, le CinéBelval n’a fait que copier-coller les bonnes vieilles recettes de la concurrence, comme les Sneak
Previews. Certes, c’est un peu la même chose à l’étranger aussi, mais pourtant, le CinéBelval n’a pas vraiment marqué les esprits pour se démarquer de la concurrence.

La conséquence était donc la démission – voulue par les principaux investisseurs, qui ne soutenaient plus l’amassement des dettes – de Raymond Massard du poste de directeur du CinéBelval, il y a quelques semaines, les rumeurs donnant pour date effective le 1er juillet. Pour comprendre ce qui s’est passé, on doit d’abord voir comment le capital est réparti. La société qui exploite le CinéBelval est la société anonyme Caramba Sud, dans laquelle Massard, par le biais de Massard Participations – une s.àr.l. – détient 30 pour cent, le reste étant tenu par la Financière Mercure, une société civile, et Multiplan Management, une sàrl, qui sont donc les investisseurs d’une grande partie du CinéBelval. Précision utile : à côté de Caramba Sud, il existe une autre s.àr.l. simplement nommée Caramba et dont Raymond Massard est l’unique gérant et qui assure la programmation des autres salles de cinéma. Ce sont donc les investisseurs qui ont poussé Massard vers la sortie. Mais vu qu’il détient toujours un tiers du capital, ce dernier garde pourtant le poste de président du conseil d’administration,.

Pourtant, la nomination de l’artiste lorrain et chargé du développement du musée national des mines de Rumelange – et ancien du CIGL Objectif Plein Emploi d’Esch – Jean Villemin à la place de Massard peut étonner. Celui-ci n’a aucune expérience dans le domaine de l’exploitation cinématographique et ne semble – a priori – pas faire partie des investisseurs. Pourtant, selon Raymond Massard que nous avons pu joindre, cela n’aurait rien d’un mystère : « Il y avait une annonce dans les journaux pour le poste. Et parmi les candidatures – dont la plupart étaient très éloignées du profil recherché – il était celui qui se rapprochait le plus. Et puis, comme il a 59 ans, les investisseurs se sont probablement dit qu’à cet âge-là, on ne bousculerait plus vraiment la donne ».


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