PIRATES: Opération Strasbourg

Les pirates européens montent à l’abordage du Parlement européen, le premier d’ailleurs dans lequel ils avaient réussi à infiltrer un des leurs. La fondation du parti des pirates européen au Luxembourg est aussi un signe de l’importance de la branche locale.

Vote à main levée : les pirates européens rendent hommage à la démocratie de base.

On s’était attendu à du champagne et des huîtres, mais, finalement, devant la petite salle du premier étage à l’abbaye de Neumünster ne traînaient que quelques bouteilles d’eau plate entamées, et visiblement réservées aux membres des partis réunis ici pour décider du manifeste pour un parti pirate européen. L’évènement était dominé par la branche luxembourgeoise de ce mouvement politique neuf, qui s’est toujours dit internationaliste et dont les différents représentants ne craignent pas d’être accusés de copier et coller des logos et des revendications d’autres partis. Pour un mouvement qui réclame haut et fort l’abolition des droits d’auteur, ce serait d’ailleurs absurde.

Soucieux de fonder cette dimension européenne sur quelque chose de durable, Sven Clement, le président du parti des pirates luxembourgeois a longuement insisté dans son discours d’introduction sur l’importance d’adopter ce manifeste (et les statuts) le jour du cinquantenaire de la mort de Robert Schuman. Même si on ne peut pas être sûr que le vieux Schuman ait vraiment apprécié cette mention spéciale. A la lecture de ce manifeste, on doit d’ailleurs constater que son élaboration a sûrement été faite sous le signe du plus petit commun dénominateur : droits civiques, transparence, droits d’auteur et brevets, ainsi qu’un internet neutre – pas de vraie surprise donc.

Quoi qu’il en soit, les pirates de Norvège, Suisse, Catalogne, France, Belgique, Suède, Italie, Grèce et Russie se sont soumis aux règles de la démocratie de base pour faire les premiers pas en direction d’un parti européen. Qu’il y ait des partis issus de pays n’appartenant pas à l’Union européenne n’est pas un problème selon Clement : « Il y a différentes motivations pour ces partis de s’intéresser à ce processus. Premièrement, le Parlement européen reconnaît aussi des partis qui ont un certain quota de sous-partis implantés dans l’Union. » D’après Clement, pour les Suisses et les Norvégiens, c’est surtout leur attitude plutôt pro-européenne qui a joué, ainsi que la solidarité entre pirates. « Pour les Catalans c’est plus compliqué, dans la mesure où la constitution d’un parti pirate espagnol a échoué, mais que cette structure n’est pas encore proprement dissoute. » Le président explique qu’il faudra attendre qu’une confédération des partis pirates espagnols se constitue. Quant aux Russes, il s’agit aussi d’une question géopolitique, l’Union étant plus proche que les partis pirates des Amériques.  « C’est aussi un moyen de chercher la reconnaissance à laquelle ils n’ont pas droit dans leur pays. Car le ministère de la Justice russe ne reconnaît pas le parti pirate russe, sous prétexte que la piraterie serait illégale. Mais, au moins, le parti des pirates belges n’est pas divisé entre Flamands et Wallons, c’est déjà quelque chose », renchérit Clement.

Mais même avec cette signature, la bataille pour Strasbourg n’est pas encore gagnée. Les pirates risquent de se retrouver encore pour une législature dans la fraction des Verts européens, où siègent leurs deux seuls représentants à ce jour, les Suédois Christian Engström et Amelia Andersdotter. Car pour être reconnu parti européen par le parlement de Strasbourg, il faut un certain quota de représentants dans les parlements nationaux et à l’hémicycle européen. Tout dépend donc de l’issue des élections nationales à venir en Allemagne, mais aussi en Norvège et au Luxembourg.


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