TRAITÉ TRANSATLANTIQUE: Les poules ont des dents

Surprise, une large alliance de la société civile contre le TTIP a pu être constituée. La plupart des partis politiques de gauche par contre semblent manquer de courage.

Dix raisons pour dire non, treize organisations représentant la société civile qui s’engagent ensemble – au Luxembourg, le « partenariat transatlantique de commerce et d’investissement » (PTCI, anglais : TTIP) ne suscite pas l’enthousiasme. Sous le titre de « Pour un arrêt des négociations sur le PTCI », la plateforme d’ONG a présenté mercredi dernier une prise de position détaillée de 16 pages. Si, comme l’insinuent les critiques, la Commission européenne et les gouvernements avaient espéré qu’ils pourraient discrètement faire passer ce traité, c’est raté. Comme un renard se faufilant dans un poulailler, ils ont tenté de négocier en secret, mais les poules ont donné l’alarme et désormais il pleut des coups de becs.

D’ailleurs, le fait que le mandat et l’avancement des négociations soient tenus secrets constitue le premier reproche fait par la plateforme. La suite des arguments avancés concerne de nombreux domaines qui correspondent à ceux abordés par l’auteur politique Raoul Marc Jennar lors de son passage au Luxembourg (woxx 1262). Cela va du sapement de la protection des consommateurs – les fameux « poulets à la javel » et cetera – jusqu’aux questions d’orientation géopolitique de l’Union européenne, en passant, bien sûr, par la « surprotection » des intérêts des investisseurs étrangers.

Verts et socialistes se retrouvent en porte-à-faux par rapport aux écologistes et aux syndicats.

Rappelons que cette prise de position commune constitue la suite d’une démarche initiée par des acteurs comme l’OGBL et le Mouvement écologique. Le premier pas avait été une conférence commune en mars (woxx 1259) qui les avait encouragés à rechercher un large rassemblement sur une position très critique. La CGFP, qui demande une amélioration des procédures, mais pas un arrêt des négociations, ne fait d’ailleurs pas partie de la plateforme. Le comité « Stop Tafta », qui avait fait venir Jennar, n’en fait pas partie non plus.

« Les deux structures sont d’accord pour dire non au TTIP, mais elles fonctionnent de manière différente », explique Claude Simon, membre du comité. Il se félicite du large rassemblement qui permettra de faire pression sur le gouvernement. « Nous ne sommes pas une plateforme réunissant des représentants d’organisations : si des membres de ces organisations souhaitent militer à titre individuel, c’est chez nous qu’ils peuvent le faire. » Pour Simon, les deux structures se complètent. Il en veut pour preuve que la prochaine conférence « Stop Tafta », qui aura lieu le 16 mai à Esch, est soutenue par l’OGBL et le Landesverband. Quant à la pétition anti-TTIP, selon Simon elle aurait été lancée par un individu en dehors des deux structures.

Du côté des partis politiques, c’est moins harmonieux. Lors d’un premier débat à la Chambre, début mars, seul Déi Lénk s’était clairement positionné en introduisant une motion pour un arrêt des négociations. Les Verts, pourtant critiques envers le TTIP, avaient refusé de soutenir cette motion. Notons que leur programme européen s’oppose au « TTIP tel qu’il se dessine actuellement ». La position du LSAP est encore plus ambiguë et, en accord avec le programme du PSE, se contente de formuler des voeux pieux concernant les accords commerciaux. Les deux partis gouvernementaux se retrouvent ainsi en porte-à-faux par rapport aux écologistes et aux syndicats. L’attitude du gouvernement envers le TTIP semble dictée par le DP qui, comme le reste de la droite, lui est plutôt favorable. Relevons tout de même que le hearing parlementaire annoncé par Marc Angel (LSAP) devrait avoir lieu début juin et donnera l’occasion aux partis de revoir leur position.


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