Comment vivre avec 1.348,18 euros par mois ? Pour plus de 20.000 personnes au Luxembourg, cette question fait partie de la réalité quotidienne.

Le revenu minimum garanti est une assistance financière publique en faveur des personnes et des ménages dont les revenus n’atteignent pas un certain seuil, considéré comme minimum vital. Crée en 1986, il est géré par le Fonds national de solidarité (FNS) et le Service national d’aide sociale (Snas).
Le RMG est subdivisé en trois types d’aide différents : l’indemnité d’insertion, allouée pour des activités temporaires d’insertion dans la vie professionnelle, le contrat subsidié, participation aux frais de personnel occasionnés par l’engagement d’un bénéficiaire de l’indemnité d’insertion et l’allocation complémentaire, versée aux ménages d’une ou plusieurs personnes inaptes aux mesures d’insertion professionnelle ou dispensées temporairement.
Si un adulte seul peut bénéficier d’une aide de 1.348,18 euros par mois, deux adultes vivant dans le même ménage ne reçoivent plus que 2.022,27 euros. Par enfant, 122,56 euros supplémentaires sont versés. Une mère ou un père avec cinq enfants à charge bénéficie donc d’une assistance à hauteur de 1.960,95 euros par mois. Pas grand-chose, si on prend en compte que le loyer médian pour un studio était de 876 euros au premier trimestre 2014.
« Le RMG : outil de lutte contre la pauvreté ? », tel était le titre d’une conférence organisée par Caritas le 1er octobre. L’occasion pour l’organisation de pointer du doigt les insuffisances du RMG luxembourgeois, mais aussi de thématiser la question du revenu minimum en Europe.
Alors que le ministère de la Famille serait en train de préparer une réforme du RMG, Caritas fait ses propres propositions en vue d’une amélioration du système actuel. Nathalie Georges, chargée d’études auprès de Caritas, dresse un portrait critique du RMG actuel. Ainsi, par exemple, le plafonnage des revenus d’un ménage afin de bénéficier de l’aide pose problème. Si une personne touche l’indemnité pour une activité temporaire d’insertion, son ou sa partenaire ne peut en bénéficier, au risque de dépasser le plafond autorisé. « Une mesure discriminatoire à l’égard des femmes », pour Georges, puisque 890 femmes n’ont pas pu suivre une activité d’insertion en 2013 pour éviter un dépassement de plafond, contre seulement 202 hommes. Une solution proposée par Caritas est l’individualisation des droits.
Un RMG divisé en trois composantes
Caritas propose un RMG divisé en trois composantes : une basée sur les besoins journaliers et attribuée individuellement, une prenant en compte le loyer et les charges selon la configuration du ménage, et une basée sur les besoins spécifiques, au cas par cas. Alors que, selon le barème actuel, le poids financier d’un enfant ne représenterait que 9,09 pour cent de celui d’un adulte pour le calcul du RMG, l’OCDE estime à 30 pour cent le poids d’un enfant dans le calcul du risque de pauvreté d’un ménage. Caritas propose donc de rehausser le poids d’un enfant. Afin d’éviter les problèmes liés à la clause d’âge (pas de RMG en dessous de 25 ans), Nathalie Georges préconise l’élargissement des critères de non-application de cette clause, notamment pour des jeunes hors du ménage parental auxquels l’Adem ne peut proposer de mesure adéquate.
Dans l’Union européenne, 134 millions de personnes, plus d’un quart de la population, vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Pour Anne Van Lancker, coordinatrice du projet Emin (European Minimum Income Network) et invitée de Caritas, le revenu minimum est « indispensable pour vivre une vie décente et participer à la société ». C’est pourquoi le réseau Emin oeuvre en faveur d’une directive européenne sur un revenu minimum décent. Pour Van Lancker, les écarts en Europe en matière de revenus minimaux sont trop grands. « Plutôt qu’une course vers le bas, il faudrait une convergence sociale vers le haut en Europe », affirme-t-elle. Et de conclure que, plutôt que de permettre la survie, un revenu minimum décent devrait garantir une vie décente.