Avec „Pearl Harbor“, Michael Bay rend hommage aux amoureux et délaisse les héros de la seconde guerre mondiale. On espère assister à un film de guerre, on se retrouve en pleine histoire d’amour et d’amitié qui a coûté 135 millions de dollars.
Faites l’amour pas la guerre
Lors de sa sortie aux Etats-Unis, le réalisateur Michael Bay et le producteur Jerry Bruckenheimer ont déclaré que le but de „Pearl Harbor“ était de faire un grand film, qui allait dépasser tous les records détenus par „Titanic“. Pour y arriver malgré un budget inférieur à ce qu’ils espéraient, Michael Bay et le producteur ont délaissé leur salaire jusqu’à ce que le film atteigne 100 millions de dollars de recettes, Ben Affleck a accepté de diminuer son salaire, mais avec une participation aux recettes, et les techniciens ont travaillé sur le projet pour une bouchée de pain et ce, sans espérer une compensation, même si le film atteignait des recettes considérables. Pour commencer, la morale derrière ce film n’est déjà pas très bonne.
Nous sommes le 7 décembre 1941, le Japon décide d’attaquer par surprise la base navale américaine située à Pearl Harbor dans le Pacifique. Après avoir essuyé des bombardements durant plus de deux heures et vu la quasi-totalité de sa flotte propulsée dans les profondeurs du Pacifique emportant des milliers d’hommes, les Etats-Unis d’Amérique ont dû accepter l’évidence : leur entrée en guerre.
Lorsque l’on intitule son film „Pearl Harbor“, on fait croire au public qu’il va en savoir plus sur cette page douloureuse de l’histoire. Mais Michael Bay a vu les choses différemment, mettant ce fait en arrière plan au profit d’une histoire d’amour et d’amitié, comme ce fut le cas pour „Titanic“. Seulement, dans le cas de „Titanic“, si on retire l’histoire d’amour entre Jack et Rose, il reste encore le „Titanic“. Dans le cas de „Pearl Harbor“, il ne reste plus rien car l’attaque, qui aurait dû être au centre du film, ne dure que 30 minutes sur trois heures de projection. Le reste du temps, on assiste à des scènes longues et sans intérêt, bourrées de clichés tels que les longs baisers langoureux sur fond de coucher de soleil, les quiproquos et une fin prévisible, ce qui est encore pire! Quant à l’attaque, elle est présentée comme un bonus où les effets spéciaux semblent vouloir justifier le budget du film et surtout nous faire oublier les niaiseries présentées auparavant.
Révélé par „The Rock“, Michael Bay a fait ses preuves de grand réalisateur de films d’action depuis. Et „Pearl Harbor“ ne nous contredira pas. Il faut bien reconnaître que la mise en scène de l’attaque par les Japonais est une pure merveille, prouvant que Michael Bay est bien meilleur dans les scènes d’action que dans la direction d’acteurs. On le sent d’ailleurs bien plus à l’aise dès le début des hostilités. Sa caméra se trouve partout en même temps, il nous offre de superbes plans comme la prise de vue à partir d’une bombe qui va terminer sa course sur les bateaux. Mais hélas, ce vent frais qui souffle sur le film arrive bien trop tard, même si la riposte des Américains sur Tokyo représente un sursaut de suspens qui ne sera que léger, car tout le monde aura déjà deviné la fin, c’est-à-dire dans la plus pure tradition hollywoodienne: l’incontournable Happy End. Il ne manquait plus que les drapeaux américains qui flottent en arrière-plan et le héros qui se dirige seul vers le soleil couchant pour verser une dernière petite larme et se dire que les Américains sont vraiment les plus forts!