Le concert de gala au bénéfice de SOS Villages d’enfants monde, la semaine prochaine, accueillera deux jeunes musiciens talentueux, au piano et à la tête de l’OPL.
L’événement avait dû être annulé en 2020, pandémie oblige. Mais le 45e concert de gala de l’ONG SOS Villages d’enfants monde aura bien lieu cette année, et avec la formule habituelle. Les mélomanes généreux et généreuses auront donc le plaisir de voir sur scène – et surtout d’écouter – le vainqueur du concours Reine Élisabeth de Belgique en mai dernier, le Français Jonathan Fournel.
Celles et ceux qui ont retenu leur souffle lors de sa formidable interprétation du « Concerto pour piano n° 2 » de Johannes Brahms pendant la finale auront peut-être un petit pincement au cœur de ne pas pouvoir entendre cette œuvre à la Philharmonie. Mais le programme reste de choix : c’est en effet le « Concerto pour piano n° 18 » de Wolfgang Amadeus Mozart que le natif de Sarrebourg, en Lorraine, interprétera jeudi prochain. Un concerto qu’il a joué en demi-finale, et qui lui va comme un gant : la partition met notamment en évidence l’élégance virtuose tout en offrant un mouvement lent de toute beauté, où la mélodie oscille entre joie nostalgique et grâce tragique. Certes, l’interprétation de Fournel est disponible en ligne, pour qui n’aurait pas suivi le concours en direct télévisé ou en streaming (le public n’était d’ailleurs pas admis cette année) ; toutefois, entendre un tel talent en éclosion dans le grand auditorium de la Philharmonie sera assurément un plaisir musical intense. Après des études pianistiques à Sarreguemines, Strasbourg, Sarrebruck et Paris, Fournel, 28 ans, peaufine désormais sa formation à la Chapelle musicale Reine Élisabeth, à Waterloo. Il y a fort à parier qu’il est promis à une belle carrière.
Orchestre établi et jeunes talents
L’Orchestre philharmonique du Luxembourg sera placé sous la direction de Rafael Payare. Le chef vénézuélien est un pur produit d’El Sistema, ce programme public d’éducation musicale pour la jeunesse lancé d’abord au Venezuela par José Antonio Abreu, et qui a petit à petit essaimé sous des formes diverses en Europe notamment. Tout juste quarantenaire, il a déjà été directeur musical de l’Ulster Orchestra en Irlande du Nord jusqu’en 2019 et assume désormais cette même fonction au San Diego Symphony Orchestra. À partir de la saison 2021-2022, il officiera en outre à l’Orchestre symphonique de Montréal… en plus de ses nombreuses prestations de chef invité, qui le mèneront donc la semaine prochaine au grand-duché. C’est en effet une des caractéristiques du concert de gala annuel de SOS Villages d’enfants monde que de mettre en valeur les étoiles montantes de la musique classique, afin de proposer une soirée où la générosité n’est certainement pas synonyme d’interprétations désuètes. On peut compter sur la fougue des deux invités pour une première partie mozartienne dynamique.
Après la pause, « Eine Alpensymphonie », de Richard Strauss, sera au programme. Une heure de musique instrumentale particulièrement riche et descriptive, où le compositeur convoque un orchestre au format extralarge, cloche de vache et machine à vent incluses. Si les ruisseaux transparents y coulent, si les cors des Alpes y retentissent, si la brume y enveloppe les sommets, l’œuvre (plutôt poème symphonique que symphonie traditionnelle, du reste) n’est cependant pas simplement une ode à la nature que Strauss contemplait depuis sa villa de Garmisch-Partenkirchen. L’influence de Nietzsche, que le musicien admirait, s’y fait sentir dans un message d’impulsion créatrice déclenchée par la beauté naturelle, sans intervention divine. On pourra compter sur la musicalité réunie du jeune chef et de l’OPL pour réussir ce savant mélange, cette (légère) incursion dans la philosophie qui fera contrepoint au style galant de Mozart de la première partie.
Les recettes de la soirée seront versées au programme d’aide d’urgence soutenu en Colombie par SOS Villages d’enfants monde pour près de 300 enfants migrants vénézuéliens. Le plaisir des notes s’alliera donc à celui de soutenir celles et ceux dans le besoin. Une doublement belle soirée, donc.