Depuis le 1er janvier 2023, il est interdit d’utiliser de la vaisselle jetable en plastique lors d’événements publics. À compter du 1er janvier 2025, ce sera toute la vaisselle à usage unique qui sera interdite. Une réglementation qui oblige les organisateurs·rices à s’adapter.
Sur les 380 millions de tonnes de plastique produites chaque année dans le monde, plus de la moitié est destinée à des produits à usage unique, dont 40 pour cent à des emballages alimentaires. Un mode de consommation qui pèse lourd sur l’environnement, que ce soit en termes d’utilisation de ressources naturelles ou d’émissions de gaz à effet de serre (lors de la production, du transport, de l’incinération ou de la décomposition en décharge – ces déchets étant peu ou pas recyclés). Sans oublier les 9 à 14 millions de tonnes de déchets plastiques qui se retrouvent chaque année dans les mers et océans. Quant à la vaisselle en carton, son empreinte carbone est elle aussi conséquente du fait de sa fabrication ainsi que de son élimination ou de sa décomposition.
L’utilisation de la vaisselle réutilisable lors d’événements publics est une des solutions envisagées pour réduire les conséquences néfastes du tout-jetable sur l’environnement. Plusieurs études ont en effet prouvé que, à condition d’être réutilisée un certain nombre de fois (en moyenne sept fois pour les gobelets par exemple), la vaisselle réutilisable a un impact inférieur sur l’environnement que la vaisselle à usage unique.
Faisant suite à des directives européennes relatives à l’économie circulaire, le Luxembourg a interdit l’utilisation de la vaisselle et des bouteilles jetables en plastique lors des événements publics le 1er janvier 2023. Cette mesure sera renforcée le 1er janvier prochain : ce sera alors l’ensemble de la vaisselle à usage unique, quels que soient les matériaux utilisés, qui sera proscrit au cours des événements publics. Avec une nuance notable toutefois pour ce qui concerne la distribution des repas : barquettes, sacs et serviettes en papier, carton, bambou ou autres fibres naturelles resteront autorisé.es, à condition de n’être pas recouverts de plastique.
Les organisateurs·rices n’ont donc plus que quelques mois pour s’adapter. Une étude menée par ECO-Conseil, un bureau d’études et de conseil en gestion durable des ressources, mandatée par le ministère de l’Environnement, s’est penchée sur les difficultés pour mettre en œuvre cette réglementation et proposer des solutions.
Les organisateurs·rices interrogé·es ont d’abord pointé du doigt l’augmentation de la charge de travail et des dépenses liées à l’élimination des emballages et de la vaisselle jetable pour les remplacer par des solutions réutilisables, l’achat de vaisselle impliquant un lieu de stockage et des solutions de lavage. Sans compter la diminution des subsides perçus grâce à la labellisation Green Events à partir du 1er octobre (voir woxx 1797).
Location et planification
L’utilisation de vaisselle réutilisable peut en fait coûter moins cher, affirme ECO-Conseil, notamment grâce à la location gratuite de vaisselle auprès des communes et des syndicats, qui proposent aussi parfois des possibilités de lavage. Il existe également des lignes de lavage mobiles, installées sur des remorques de camion, qui permettent de laver sur place. « Les coûts de location et de lavage sont souvent plus élevés que le prix d’achat des solutions jetables, mais lorsqu’on prend en compte les coûts d’élimination, de recyclage, de collecte, de nettoyage de site, ce n’est plus le cas », ajoute ECO-Conseil. Quant au travail supplémentaire, il doit être comparé à l’« effort à fournir pour la collecte des déchets et le nettoyage des lieux de manifestation dans le cas des solutions à usage unique ».
Un autre problème soulevé concerne le stock de vaisselle réutilisable, en particulier lors des grands événements ou lorsque plusieurs événements ont lieu en même temps, comme lors de la fête nationale. Une des solutions suggérées par ECO-Conseil consiste à planifier et avoir recours à des prestataires étrangers.
Cependant, la problématique reste entière pour certains très grands événements, notamment sportifs, comme l’ING Night Marathon. Outre le nombre considérable de participant·es et de spectateur·rices, il ressort de l’étude que les gobelets réutilisables, plus épais que les jetables, représentent un risque pour les athlètes, susceptibles de les cogner aux chevilles ou de les faire trébucher, entraînant des blessures et des pertes de temps. ECO-Conseil indique cependant qu’« un gobelet réutilisable qui se plie facilement lorsqu’on marche ou roule dessus, et qui ne se brise pas » sera testé au cours du marathon de Berlin, le 29 septembre prochain. En attendant, « une dérogation concernant l’utilisation de gobelets à usage unique pour les sportifs de haut niveau lors de ces événements fait l’objet d’une évaluation », a fait savoir le ministre de l’Environnement Serge Wilmes.