Fédérer plusieurs forces

Abbes Jacoby, cofondateur du GréngeSpoun et ancien secrétaire parlementaire chez Déi Gréng, verrait bien le woxx tenter des synergies avec d’autres médias.

woxx : Quels souvenirs gardez-vous de votre activité au journal ?


Abbes Jacoby : Je me souviens d’avoir fabriqué une table lumineuse pour le layout. Je ne sais pas si elle se trouve toujours quelque part… Nous en avions besoin parce que le journal se faisait en partie dans des appartements privés, chez Renée Wagener, rue Émile Reuter. On s’occupait de tout, de la rédaction d’articles au layout, en passant par la distribution. C’était de l’idéalisme à l’état pur, ce que dans les milieux de gauche on appelait autrefois du « travail militant ». Au lieu d’ordinateurs, nous avions des machines à écrire électroniques. Et à la fin, il fallait mettre tout sur disquette et se rendre à l’imprimerie. J’ai également pris et développé des photos. La chambre noire, je l’avais achetée. Et en 1994, j’ai fait une série sur le Bommeleeër. Voilà pour les souvenirs nostalgiques.

Comment était né le projet ?


Le journal est né du constat que le paysage médiatique était orienté de façon unilatérale vers les partis traditionnels. Et comme nous voulions combler ce déficit, l’ambition était de devenir le porte-parole du parti des Verts. On a notamment obtenu un crédit auprès des Verts allemands pour financer notre projet, qu’on ne nous a jamais demandé de rembourser, si je me souviens bien. Nous avions à l’époque d’excellents contacts avec les Verts allemands, et notamment avec le trésorier du parti.

Et est-ce que cette stratégie a payé ?


Pour faire un bilan tout à fait objectif, il faut dire qu’avec le développement d’une certaine ouverture en parallèle et l’apparition de têtes nouvelles qui ont assumé des responsabilités, la perception des Verts a augmenté. Grâce aussi au processus de réunification des Verts, si bien que l’idée d’un journal de parti s’est peu à peu dissoute. Après coup, il faut dire que cela a été une bonne chose. Il suffit de penser à des journaux comme le Journal ou le Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek, pour lesquels la situation n’est pas optimale.

Que pensez-vous de l’évolution du woxx depuis ?


Je pense que l’aide à la presse devrait être fondamentalement réformée. Car pour les petits médias, elle est assez pour ne pas mourir, mais trop peu pour survivre. Il y a une certaine rigidité, et j’aurais trouvé intéressant que les projets GréngeSpoun et plus tard woxx aient recherché des synergies. Nous vivons la situation privilégiée qu’au Luxembourg, nous disposons de tant de médias. Mais je pense qu’il serait mieux et plus intéressant si, à côté des deux blocs principaux que sont RTL et le Wort, il y avait un autre média qui puisse survivre grâce à une offre intéressante, ce qui pour l’instant est impossible. J’ai toujours pensé qu’en créant des synergies, on arriverait à transformer l’hebdomadaire en quotidien. Cette évolution est en train d’avoir lieu grâce au numérique. Mais un jour se poseront les questions des capacités et des possibilités de continuer à faire un journalisme qui soit à la fois attrayant et d’un niveau qualitatif élevé. Et si le fait de fédérer plusieurs forces n’est pas plus utile que ces projets qui naissent un peu partout.

Lisez-vous encore le woxx ?


Plus ou moins régulièrement, mais je n’achète pas non plus le Land toutes les semaines. Et puis j’aime lire le Monde ou le Canard enchaîné. Cela fait beaucoup, vous voyez. Du coup, on lit les journaux les plus importants et pour le reste, on espère obtenir l’information à travers une autre voie. On a accès a tant d’informations à gauche et à droite, on développe de nouvelles habitudes de recherche de l’information, à la radio, sur Twitter, etc. Pour rester informé de ce qui se passe en politique luxembourgeoise, il faudrait déjà s’abonner à un grand nombre de médias.


Cet article vous a plu ?
Nous offrons gratuitement nos articles avec leur regard résolument écologique, féministe et progressiste sur le monde. Sans pub ni offre premium ou paywall. Nous avons en effet la conviction que l’accès à l’information doit rester libre. Afin de pouvoir garantir qu’à l’avenir nos articles seront accessibles à quiconque s’y intéresse, nous avons besoin de votre soutien – à travers un abonnement ou un don : woxx.lu/support.

Hat Ihnen dieser Artikel gefallen?
Wir stellen unsere Artikel mit unserem einzigartigen, ökologischen, feministischen, gesellschaftskritischen und linkem Blick auf die Welt allen kostenlos zur Verfügung – ohne Werbung, ohne „Plus“-, „Premium“-Angebot oder eine Paywall. Denn wir sind der Meinung, dass der Zugang zu Informationen frei sein sollte. Um das auch in Zukunft gewährleisten zu können, benötigen wir Ihre Unterstützung; mit einem Abonnement oder einer Spende: woxx.lu/support.
Tagged , .Speichere in deinen Favoriten diesen permalink.

Kommentare sind geschlossen.