Dans une question parlementaire, la députée CSV Octavie Modert s’est offusquée du fait que le gouvernement ne fasse pas grand-chose pour commémorer le centenaire de l’accession au trône de la grande-duchesse Charlotte – oblitérant en même temps un pan entier de l’histoire.

(©Wikipedia, Source: Library of Congress Prints and Photographs Division)
Les événements d’il y a cent ans au grand-duché ne mettent décidément pas tout le monde d’accord. Alors qu’une nouvelle association 1919.lu propose de revoir au fond l’histoire de l’éphémère république luxembourgeoise en organisant des tables rondes avec des historien-ne-s, les tenant-e-s d’une histoire conservatrice ne démordent pas de leur interprétation des événements qui auraient failli mettre fin à la monarchie.
Ainsi Modert, si elle évoque bien l’existence de comités de salut public et des velléités républicaines de l’époque, met l’accent clairement sur l’accession au trône de la grande-duchesse Charlotte. Ce faisant, elle occulte la mémoire de Marie-Adélaïde, compromise avec l’ennemi allemand – du moins les forces alliées le voyaient ainsi, avec une partie de la population luxembourgeoise. Or évoquer cette proximité entre la cour grand-ducale et les Allemands relève toujours du tabou pour certain-e-s.
Et il semble que même le premier ministre ne veuille pas s’aventurer à le briser. Dans sa réponse, il indique que concernant « les manifestations commémorant l’avènement au trône de la grande-duchesse Charlotte, la cour grand-ducale et le gouvernement se sont mis d’accord que la cour grand-ducale décide des événements devant rappeler et commémorer ces moments importants de l’histoire luxembourgeoise ». Donc les historien-ne-s peuvent écrire autant qu’elles ou ils veulent, la mémoire officielle reste entre les mains de la monarchie. Puis Bettel énumère encore quelques événements, comme un concert de la musique militaire et la projection publique du film « Léif Lëtzebuerger » à la Philharmonie le 16 juin, « suivie d’une réception ».
L’histoire elle-même ne vient qu’en dernier dans la réponse du premier ministre, où il revient sur l’exposition virtuelle « Éischte Weltkrich : La Grande Guerre au Luxembourg » et une exposition au MNHA en septembre où seront abordés « les enjeux politiques et sociaux liés à la question du suffrage universel ». Et un peu l’avènement de Charlotte, l’abdication de sa sœur et le référendum. Pour la république, on attendra…