L’actualité musicale estivale au grand-duché se déplace en général dans les festivals. L’Arthur Possing Quartet n’échappe pas à cette règle, puisqu’il a proposé le 15 août dernier des extraits de son dernier album, « Natural Flow », aux Pëttener Summer Nights. Le woxx a pu écouter le CD avant sa sortie imminente.
Après « Four Years » en 2018, le quartet du pianiste Arthur Possing remet ça : le groupe, où officient également Pierre Cocq-Amann aux saxophones, Sebastian Flach à la contrebasse et Niels Engel à la batterie – le trompettiste Thomas Mayade venant les renforcer ici sur certaines pistes –, s’est récemment isolé dans les Real World Studios de Peter Gabriel pour enregistrer et peaufiner « Natural Flow », son dernier opus. Les yeux brillants de se retrouver dans un endroit devenu mythique, le jeune Luxembourgeois promet dans la vidéo de présentation des compositions plus complexes (mais pas plus compliquées !) et un son nouveau.
Dès le premier morceau, la promesse est tenue : « Flow » commence par un ostinato de piano sur lequel viennent se greffer les autres instruments, sur un rythme entraînant et hypnotique, avant de procéder par subits changements de tempo pour déployer des solos inspirés. Ces sautillements sont habilement contrebalancés par la piste suivante, « Sentietincelle », une ballade dans la plus pure tradition où le souffle du saxophone ténor envoie graves langoureux et aigus déchirants… et quand on pense avoir atteint le cliché, une modulation harmonique force l’attention avant le solo de piano. Belle maîtrise technique des tensions et détentes donc, pour une écoute où l’on ne s’ennuie pas un instant.
Le reste de l’album est à l’avenant, alternant les atmosphères du be-bop plus traditionnel à l’acid jazz plus expérimental, convoquant des effets numériques pour pimenter les instruments acoustiques (dépaysant « A Journey To… », notamment, qui débouche sur des « Golden Fields » où la récolte est manifestement mûre). On appréciera aussi tout particulièrement « Walk around Etangs », probablement en référence au plan d’eau souvent représenté sur les photos du studio, avec sa belle introduction mêlant le piano à la contrebasse jouée à l’archet pour se déployer ensuite dans un cheminement collectif. Et puis, nom du leader et pays d’enregistrement obligent, le plaisamment titré « Le Roi Arthur », qui fait dans le registre martial à plein volume sonore avec déchaînement de saxophone à son apogée, après avoir été introduit par des quintes toutes médiévales au piano.
Évidemment, l’ensemble est capté et mixé avec le soin qu’on est en droit d’attendre dans un studio aussi prestigieux. Le « Natural Flow », c’est celui de la musique qui coule de source, des influences qui se mêlent (Possing cite nommément Brad Mehldau par exemple, et ça s’entend), des notes qui viennent toutes seules tant les interprètes sont pétris des performances de leurs grands aînés. Un vrai collectif aussi, où aucun membre ne semble prendre plus de place qu’un autre… même si on aurait peut-être aimé une plage de piano seul pour se délecter de la virtuosité et de la musicalité de Possing. En tout cas une très belle proposition jazzistique, que les enthousiastes devraient apprécier dès sa sortie la semaine prochaine et en septembre pour la présentation officielle du CD en concert à Dudelange.
Sortie de l’album le 27 août chez Challenge Records/Double Moon Records.
Extraits : challengerecords.com/products/16208040798621
Album release le 24 septembre au centre culturel opderschmelz.