Le ministère de l’Intérieur et le Syndicat des villes et communes luxembourgeoises (Syvicol) ne font pas la même analyse de l’impact de la pandémie sur les finances communales.
Lors d’une conférence de presse, la ministre de l’Intérieur, Taina Bofferding (LSAP), a fait le point vendredi passé sur la situation des finances communales suite à la Covid-19. « Même si 2020 peut être qualifiée d’année exceptionnelle, la situation globale des finances communales – après un an de pandémie – est bien meilleure qu’initialement redouté ! », se fait-elle citer dans un communiqué de presse diffusé par ses services. Elle se réfère au « dashboard » des finances communales présenté à la même occasion. Un instrument alimenté tous les mois par des données émanant des 102 communes du pays, qui devrait permettre de surveiller leur stabilité financière. « En fonction du niveau d’alerte atteint, suite à une tendance défavorable détectée, les communes seront contactées par les services compétents du ministère pour, si nécessaire, y remédier ensemble et recevoir les conseils appropriés », explique le même communiqué.

Selon le ministère de l’Intérieur, le manque à gagner pour les communes a été moitié moins important que prévu…
Cela dit, la ministre se montre plutôt optimiste, car « des exemples réels de communes anonymisées ont montré qu’aucune d’entre elles ne se trouve actuellement dans une situation financière délicate ». Selon la lecture du ministère, on pourrait même relativiser l’impact de la crise sanitaire. Ainsi, si par rapport aux prévisions budgétaires pour 2020 émises bien avant la pandémie et les mesures de confinement les communes ont perçu 210 millions d’euros de moins que prévu, « il faut se rappeler qu’à un moment donné, l’on estimait la perte à pratiquement 418 millions d’euros, donc le double ! ». D’autre part, les communes auraient pu « maintenir un niveau d’investissement élevé » grâce, aussi, à une hausse des subsides du ministère de 30 millions d’euros supplémentaires.
Une lecture que ne partage pas le Syvicol, alors qu’il se base sur les mêmes séries de chiffres. Ses responsables se disent préoccupés « parce que l’effet de la crise ne se limitera pas à l’exercice 2020 ». En comparant les prévisions actuelles du ministère de l’Intérieur et celles communiquées aux communes avant la pandémie, en l’occurrence la circulaire ministérielle du 11 décembre 2019, on voit dans quelle mesure les recettes des prochaines années restent en deçà des prévisions établies à l’époque : « Les communes devront soit réduire leurs programmes d’investissement de façon proportionnelle, soit recourir à l’emprunt pour réaliser leurs projets extraordinaires », constate le Syvicol, qui s’attend à ce que, jusqu’à la fin 2023, « l’écart cumulé entre les recettes réelles et celles prévues à la fin de l’année 2019 dépasse un milliard d’euros ».

… alors que le Syvicol compare les perspectives par rapport à ce qui avait été prévu au budget pluriannuel d’avant la pandémie.
Par ailleurs, le Syvicol attire l’attention sur le fait que l’impact financier de la pandémie pourrait être encore plus important, car « la pénurie de certains produits et matières premières a entraîné des hausses vertigineuses des prix – des dépassements de devis jusqu’à 40 % ont été observés –, surtout dans le domaine de la construction ». Ce qui va réduire encore plus la capacité des communes à réaliser les investissements nécessaires.