Le Centre national de littérature (CNL) vient de publier la cinquième livraison de ses « Fundstücke-Trouvailles » bisannuelles, éditées par Daniela Lieb et Ludivine Jehin. Cette dernière s’est entretenue avec le woxx, au nom du duo, à propos de l’ouvrage et de sa nouvelle formule.
woxx : Peux-tu présenter en quelques mots le projet « Fundstücke-Trouvailles » ?
Ludivine Jehin : C’est une publication qui paraît tous les deux ans depuis 2014. Elle accueille des contributions de tailles et de natures diverses, mais dont le point commun est l’intérêt par rapport à la recherche en littérature ou à l’archivistique. Souvent, d’ailleurs, les deux aspects se recoupent. Une particularité des « Trouvailles », c’est aussi qu’on peut y lire d’une part une rétrospective du travail du CNL sur deux ans – notamment à travers les articles publiés dans la presse par les membres de l’équipe ainsi que des externes – et d’autre part des articles inédits commandés spécialement.
Daniela Lieb et toi êtes responsables de la publication depuis deux numéros et inaugurez cette année une nouvelle formule. En quoi consiste-t-elle ?
Pour qui connaît les parutions précédentes, il y a déjà dès la prise en main une différence notable en matière de poids et de format ! Les « Trouvailles » ont plutôt grandi d’année en année, au point de devenir assez volumineuses. Nous avions atteint une taille et un format qui étaient devenus sinon indigestes, mais en tout cas vecteurs de petits problèmes de lisibilité et d’identification de l’objet en soi. Les articles avaient un peu tendance à se perdre. Ce n’est pas propre aux « Trouvailles », mais nous nous sommes dit qu’après quatre éditions il était temps de faire un bilan basé sur ce qu’on nous rapportait et ce que nous avions appris des volumes précédents. Ce qui en est ressorti, c’est la difficulté d’identifier la publication en tant que série. Nous avons donc réfléchi à une identité qui serait un peu plus modeste, à l’image de ce qu’on retrouve dans certaines revues spécialisées par exemple, notamment en concevant un graphisme déclinable tous les deux ans, mais reconnaissable sur les étagères. Nous avons en outre beaucoup réfléchi à l’utilisation des ressources, du papier, ainsi qu’à l’accessibilité : la publication est plus petite, mais aussi moins chère. Pour aller jusqu’au bout dans notre volonté de sobriété dans l’utilisation du papier, nous avons même recyclé en marque-pages les chutes des tests réalisés pour le livre.
L’aspect graphique revêt effectivement une importance toute particulière dans cette nouvelle formule. Quelles sont les grandes lignes des changements par rapport aux éditions précédentes ?
Nous avons essayé d’apporter un peu plus de clarté et de respiration dans les pages. Nous souhaitions une couverture pas trop illustrative, mais avec beaucoup de travail sur les textures et le papier. Nous sommes allées chez Rose de claire, qui nous a aidées à réaliser le volume, avec une idée bien précise de la palette de couleurs à utiliser. La partie « Objet du mois » a été entièrement repensée : avant, les photos des objets étaient montrées sur une page pleine et le texte sur une autre ; on a maintenant une seule page par objet, illustration comprise, ce qui renforce le côté éphéméride. D’autre part, il y a eu une volonté de mieux choisir les illustrations : avant, l’impression de « coffee table book » était très présente, ça fourmillait d’images. Il y en a toujours, car elles sont dans l’ADN des « Trouvailles », mais uniquement lorsqu’elles sont évoquées dans le texte. Il ne subsiste plus rien de juste décoratif. Les polices de caractères ont aussi été modifiées. Tous ces petits détails mis bout à bout ont permis cette nouvelle identité visuelle.
« Nous avons beaucoup réfléchi à l’utilisation des ressources, du papier, ainsi qu’à l’accessibilité. »
Quel est le public visé par les « Trouvailles » ?
Comme toujours au CNL, nous visons un public assez large. Bien sûr, nous nous adressons aux personnes intéressées par la culture et la littérature au sens large, et par le Luxembourg en particulier. Mais la variété des contributions – qui vont des « Objets du mois » courts et très abordables à des articles très travaillés incluant des notes exhaustives de bas de page – ainsi que le prix désormais réduit font que l’objet reste accessible à un grand nombre de personnes, pour peu qu’elles aient un intérêt pour le sujet, évidemment.
Dans cette nouvelle mouture, les textes directement littéraires ont disparu, alors qu’ils ouvraient les numéros précédents. Est-ce un choix éditorial, ou bien le critère du prix a-t-il joué ?
Les deux ont joué. À partir du moment où nous avions décidé de modifier la ligne générale sans changer la nature des « Trouvailles », il a fallu réfléchir à ce qui pouvait être coupé et pourquoi. La rétrospective sur le travail du CNL et au moins un certain nombre d’articles inédits étant des choses incontournables, nous avons effectivement enlevé la partie « Carte blanche » à des auteurs ou autrices pour plusieurs raisons. Les textes étaient-ils bien valorisés ? Correspondaient-ils bien au reste du contenu ? Il y a des éditeurs en nombre au grand-duché ; il nous est donc apparu qu’il était plus intéressant de considérer les auteurs et autrices sous d’autres facettes plus en lien avec nos missions, comme la recherche littéraire. On les retrouve par conséquent de façon indirecte dans nombre de contributions, qu’ils et elles soient objets d’un article ou sujets d’un entretien. Le CNL bénéficie en outre d’autres plateformes de publication pour les soutenir, par exemple la série des discours sur la littérature ou le théâtre.