Les concerts du toujours dynamique centre culturel Altrimenti sont l’occasion de découvrir de jeunes talents, mais aussi de réécouter des musiciennes et musiciens émérites. Arrêt sur le prochain rendez-vous, avec la pianiste Kae Shiraki.

Ne vous fiez pas
aux apparences :
si Kae Shiraki cède parfois à la mode des photos promotionnelles,
elle n’en est pas moins une excellente pianiste. (Photo : kaeshiraki.com)
« New Classic Stage », c’est le nom du « festival permanent de musique classique » que propose le centre culturel Altrimenti, sous la direction artistique d’Albena Petrovic. Sous l’impulsion de la compositrice luxembourgeoise et du directeur Diego Lo Piccolo, la salle Rheinsheim s’est ainsi petit à petit transformée en un nouveau lieu incontournable de la scène musicale classique : tout au long de la saison, des concerts divers et variés se succèdent, souvent avec des instrumentistes du grand-duché et avec une forte prépondérance de récitals de piano. Le dernier rendez-vous de cette saison reste d’ailleurs dans ce schéma, puisque c’est la pianiste japonaise Kae Shiraki qui se produira ce dimanche après-midi.
Désormais enseignante au conservatoire de la Ville de Luxembourg, Kae Shiraki commence le piano à trois ans à Tokyo. À six ans, elle joue déjà avec un orchestre de chambre, après avoir remporté un premier prix d’interprétation. Plusieurs autres suivront dans de nombreux concours internationaux. Elle continue ses études musicales à Munich, puis les achève à Paris, avant de s’installer au Luxembourg. Elle monte souvent sur scène en France et en Allemagne, mais se produit également dans le reste de l’Europe. Au grand-duché, on a pu la voir plusieurs fois par exemple à la Philharmonie, que ce soit en récital ou avec l’ensemble Ars Nova Lux.
Pour cet ultime récital de la saison 2017-2018 de « New Classic Stage », la pianiste a concocté un programme résolument éclectique, à l’image de son jeu qui sait se faire à la fois virtuose et chantant. Du romantisme en plat de résistance, avec pour commencer chaque partie une pièce des époux Schumann : Clara d’abord, avec les « Variations sur un thème de Robert Schumann », au lyrisme retenu, puis Robert ensuite, avec les « Kreisleriana », long chef-d’œuvre sombre inspiré par les textes de l’écrivain E. T. A. Hoffmann. Puis avec le contemporain Nikolaï Kapoustine (né en 1937 à Moscou), place à une musique rythmique aux harmonies jazz revendiquées, qui semble improvisée bien que strictement écrite. Un contraste certain, qui se prolongera avec la transcription par Rachmaninov pour piano seul de « Liebesleid », du violoniste Fritz Kreisler : le romantisme exacerbé sera de retour… pour céder finalement à la musique contemporaine et locale, car Kae Shiraki a choisi de rendre hommage à sa programmatrice Albena Petrovic en interprétant le morceau « Mirages / … je t’attends là, à la fin de l’hiver ».
Même si le romantisme composera la majorité du programme de dimanche et que la diversité sera assurée par des pièces moins longues, c’est donc à un récital alléchant et varié qu’on pourra assister, afin de découvrir ou redécouvrir toutes les facettes du jeu de Kae Shiraki. Avant, on l’espère, une nouvelle saison intéressante de « New Classic Stage » où les trouvailles alterneront avec la confirmation de talents locaux. Car la belle musique n’est pas seulement sur les grandes scènes avec des artistes du « star-system » classique mondialisé : les émotions fortes sont aussi juste au coin de la rue.