Au sortir de la léthargie de l’hiver, quoi de plus approprié que de revivre au son de la poésie ? C’est ce que propose depuis début février le quatrième Printemps poétique transfrontalier. Il fera halte à Dudelange lundi prochain.
En mars 2014, pour l’édition inaugurale du Printemps poétique transfrontalier, elles étaient trois auteures francophones (Danièle Corre, Véronique Daine et Hélène Tyrtoff) à se partager les scènes de trois pays, accompagnées par le violoncelliste André Mergenthaler. Maintenant dans sa quatrième année, le projet a bien grandi. Depuis 2016 déjà, deux poètes allemands se sont ajoutés aux représentants de la Belgique, de la France et du Luxembourg pour cet événement itinérant à la fois pédagogique et littéraire. L’objectif est ambitieux : œuvrer à la diffusion de la poésie et faciliter, dans ce domaine, les échanges culturels au sein de la Grande Région.
Sous la houlette de plusieurs institutions culturelles, dont la Kulturfabrik, le Printemps poétique transfrontalier propose donc chaque année à cinq poètes de quatre nationalités une résidence d’écriture dans un pays voisin du leur. Celle-ci est suivie de rencontres pédagogiques – dans des lycées ou associations d’insertion – et de lectures publiques. Depuis le 13 mars, les participants de l’édition 2017 sont donc sur la route, qui les a menés de Sarrebruck à Strasbourg en passant par Sankt Wendel ou Saint-Dié-des-Vosges. Une série de lectures en forme de marathon – dix représentations en onze jours ! – qui sera l’occasion de donner à entendre, en plus de leur travail habituel, quelques extraits de ce que les résidences leur ont permis d’écrire. Et surtout d’aller à la rencontre d’auditeurs curieux : on n’insistera jamais assez sur l’importance de la rencontre en poésie, qu’elle soit celle d’autres poètes ou du public. En cela, le Printemps poétique transfrontalier est un bel exemple de coopération culturelle qui bénéficie aux spectateurs et aux auteurs.
Lundi prochain, la petite troupe, accompagnée du guitariste allemand Ro Gebhardt, fera halte à Dudelange. La particularité de cette lecture ? Il n’y aura pas de traduction ! En effet, si en France, en Wallonie ou en Allemagne les organisateurs ont choisi de faire passer les textes dans la langue du terroir, le plurilinguisme luxembourgeois permet un événement plus fluide. On pourra ainsi écouter en version originale non sous-titrée cinq poètes très différents, tant par leurs origines que par leur langue d’écriture ou leur style. Une aubaine pour les amateurs de poésie, et une belle introduction éclectique pour celles et ceux qui souhaitent la découvrir.
C’est Jean Portante, infatigable passeur de mots en poèmes et en traductions, qui représentera le grand-duché. Côté belge, les organisateurs ont choisi Éric Piette, qui publie depuis 2011 et a déjà atteint une belle notoriété, notamment grâce à son livre « L’impossible nudité ». Autre poète révélé récemment et rapidement primé pour son premier opus, « Je, d’un accident ou d’amour », le Lorrain Loïc Demey représentera la France. Pour l’Allemagne, la jeune auteure Natascha Denner, qui publie essentiellement en revue, et Martina Weber, responsable de l’Atelier de jeune littérature à Darmstadt, compléteront la distribution. Une belle soirée en perspective.