Que reste-t-il de nos amours ? (1/10) : La passion du métier

Le 30 mars 2020, Savino Daloia nous confiait : « Je pense qu’une nouvelle poissonnerie ouvrira ses portes au même endroit. » Deux ans plus tard, au 31, rue de Strasbourg se trouve Thym & Citron, et la poissonnerie Kraken pointe son nez en face.

Photo : Paulo Lobo

À la base, une alliance : depuis décembre 2021, Florent Demesmaeker et Gérald Polis travaillent en collaboration avec Nico Daloia et Elvira Marchand.


Nico : Elvira et moi n’aurions pas pu rouvrir tout seuls.

Florent : Et nous non plus. Il nous fallait des gens avec de l’expérience.

Elvira : Pour moi, le plus important, c’était de revoir mes clients. L’ambiance des vendredis et samedis matin ! On a attendu deux ans, mais ça valait le coup !

Nico : En 1989, à 16 ans, je me suis initié au métier de poissonnier avec mes frères, dont j’étais le cadet, et j’ai pris l’exemple de mon père, qui était un acheteur de première. Mon métier est une passion que je voudrais transmettre.

Florent : Je n’ai pas de tradition familiale dans le commerce. Je suis issu de la restauration. Je suis vendeur, j’aime les marchés ! Comme mes collègues, je suis un passionné de mon métier.

Elvira a travaillé à la Central Poissonnerie de septembre 1989 jusqu’à la fermeture, en février 2020… 


Elvira : Ma sœur habitait au Luxembourg et m’a demandé d’être la marraine de son fils. Une fois ici, j’ai cherché du travail et j’ai rencontré la famille Daloia. J’avais 17 ans et me suis vite attachée à chacun de ses membres. Ils sont devenus comme mes frères et sœurs. Savino et Jeanne étaient comme mes parents. Ils ont toujours été là pour moi.

Thym & Citron est installé dans le quartier depuis 18 ans. Une épicerie de luxe dans un quartier populaire… qui vient acheter chez vous ?


Florent : Nous avons deux gammes de produits, pour des pouvoirs d’achat différents. Pendant la semaine, la clientèle est celle qui habite ou travaille au quartier. Le samedi, elle vient d’autres coins de la ville.

« Vivant ! »

A-t-il beaucoup changé, ce quartier ?


Nico : Il s’est dégradé. Néanmoins, déjà autrefois, j’ai dû accompagner des client-es jusqu’à leur voiture, car elles et ils ne se sentaient pas en sécurité.

Florent : C’est un quartier vivant ! Lorsque le parc est plein d’enfants qui jouent et crient, c’est la vie ! Je travaille ici depuis huit ans et m’y sens très bien : c’est populaire, il y a toutes les communautés. Quand on dit que c’est un quartier chaud, ça me fait rigoler ! Des fois, oui, peut-être, mais c’est partout comme ça, aux alentours des gares ! On voit que c’est un quartier en mutation. Logiquement, si les loyers augmentent, la population va se déplacer aussi. Nous, on l’aime, et on se bat pour qu’il vive et garde son atmosphère.

Elvira : Au début, je n’avais pas les mêmes craintes qu’aujourd’hui en passant dans certaines rues. Mais je l’aime parce qu’il est très vivant. Même s’il y a des problèmes, on s’y sent bien. Avec mes filles, on aime faire les boutiques ici. Malheureusement, beaucoup de commerces ont disparu. La rue de Strasbourg est chouette, il y a beaucoup de passage. Chez nous, après deux ans de fermeture, la clientèle est revenue. C’est une fierté ! C’est la reconnaissance de notre boulot.

On dit que vous êtes chers…


Florent : C’est vrai ! Notre amenons une qualité exemplaire en matière première et ça a un coût. Nico va à Rungis chercher le poisson et Gérald va à Lille. À part ça, il y a des loyers aussi à payer, et ce n’est pas toujours marrant ! Les gens ne voient pas Nico rentrer à 4 heures du matin de Rungis…

Comment avez-vous vécu le confinement ?


Florent : Nous avons bien travaillé. Les gens étaient contents et nous remerciaient. Mais après, beaucoup de client-es sont retourné-es dans les grandes surfaces.

Un adjectif qui qualifie le quartier de la gare ? 


À l’unanimité : Vivant !

Un vœu pour le quartier de la gare ?


Nico et Florent : Du stationnement ! Qu’il y ait du bien-être pour tout le monde !

Elvira : Que la vie économique reprenne. Ce quartier mérite que nous ne le laissions pas tomber.

Le quartier de la gare raconté par ses habitant-es

Le tram fonctionne, les travaux et la pandémie sont presque finis. Paca Rimbau Hernández repose la question qu’elle avait déjà posée – en 1999-2000 et en 2019-2020 – à des personnes qui résident ou travaillent dans le quartier de la gare : « Que reste-t-il de nos amours ? » (à retrouver dans les archives du woxx).


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