Réouverture des terrasses : la CCDH s’interroge sur la proportionnalité

En rouvrant les terrasses, le gouvernement veut aussi lâcher un peu de la pression qu’il fait peser sur le secteur Horesca – cela au prix de la cohérence, comme la Commission consultative des droits de l’homme le fait remarquer.

(wikimedia_dinkum)

On l’a échappé belle : la pression politique et populaire a fait reculer le gouvernement sur l’obligation de laisser ses données personnelles juste pour aller boire un verre en terrasse en ce début de printemps. Dans le contexte luxembourgeois, où la protection des données personnelles des citoyen-ne-s reste problématique même sans crise pandémique, obliger les établissements Horesca qui souhaitent revivre un tant soit peu à immédiatement policer leurs hôtes et à faire passer ces données aux autorités leur aurait compliqué la tâche. S’y ajoute qu’en Allemagne, où cette obligation a été introduite l’année dernière, des cas d’abus d’utilisation de ces données – notamment pour des enquêtes policières – ont défrayé la chronique.

Pourtant, on peut se demander quel est le sens de cette ouverture, alors que la crainte d’une nouvelle vague sème la panique chez nos voisins français et que l’Allemagne et son fédéralisme se sont tellement pris les pieds dans les fils que leur politique Covid-19 ressemble à une pelote de laine. Une des raisons en est certainement la pression du secteur Horesca, qui s’estime exclu des timides ouvertures que le gouvernement a concédées jusqu’ici. C’est pourquoi, dans son avis, la CCDH salue évidemment ce geste vers un brin de normalité, mais fait remarquer en même temps que cette ouverture impacte aussi l’équilibre des mesures en place, notamment le couvre-feu et l’interdiction de boire de l’alcool en public – qui ne vaut pas pour les terrasses, mais s’appliquera bien deux mètres plus loin, ce qui conduira sûrement à des situations absurdes.

Si le premier ministre dit ne pas vouloir de « Rambazamba » – probablement sa version de la célèbre phrase de son collègue Jean Castex, « La bamboche, c’est fini » – pour justifier les horaires d’ouverture entre 6h et 18h, la CCDH se demande comment ceux-ci se légitiment sur un plan légal, puisque les commentaires des articles de loi ne précisent rien. Mais après cette pénultième réforme d’un texte qui rappelle plus une chaussette trouée qu’à une loi qui tient droit dans ses bottes, on n’est plus à un détail près.


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