Seuls les Juifs luxembourgeois avaient bénéficié de réparations au lendemain de la guerre. Les revendications des immigrants juifs des années 1920 et 1930 auraient été étouffées dans l’œuf.
En réaction à la lettre ouverte, début juin, d’une descendante de Juifs polonais, réfugiés au Luxembourg avant la guerre, « résidents et contribuables », mais exclus de toute forme de réparation au lendemain de la guerre, Déi Lénk vient d’adresser une question parlementaire au gouvernement concernant la spoliation, le dédommagement et le harcèlement des Juifs non luxembourgeois « avant et après l’occupation nazie ».
Tout au long des années 1920 et 1930, le Luxembourg a été une terre d’accueil pour de nombreux Juifs, souvent polonais, fuyant l’antisémitisme et les pogroms dans leur pays d’origine. Les autorités luxembourgeoises leur ont cependant plus ou moins systématiquement refusé la nationalité, y compris à leurs enfants souvent scolarisés au Luxembourg et parlant le luxembourgeois. Si bien qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la destruction des Juifs d’Europe, le Luxembourg s’est servi de cette pratique comme prétexte pour ne dédommager que les Juifs détenteurs de la nationalité luxembourgeoise.
Menaces d’expulsion
« Les Juifs non luxembourgeois ayant subi un dommage de guerre obtiendront-ils enfin justice [par l’acceptation de] leurs demandes d’octroi d’un dommage de guerre ? », s’interroge Marc Baum. Dans sa question parlementaire, adressée au premier ministre, au ministre des Finances ainsi qu’au ministre de la Sécurité intérieure, le député du parti de gauche radicale se demande par ailleurs quand le gouvernement entend « entreprendre les démarches nécessaires, avec les instituts bancaires luxembourgeois, en vue de débloquer, enfin, les mystérieux comptes dormants établis par le régime nazi pour gérer les épargnes volées et les loyers forcés payés par les Juifs pour les restituer aux héritiers ».
Il exige aussi des précisions sur la « base légale » qui aurait permis à la police des étrangers d’effectuer des « actions de surveillance, d’espionnage et de harcèlement des Juifs d’origine polonaise » – opérations qui auraient continué jusque dans les années 1970. Enfin, Déi Lénk se demande quel a bien pu être le genre d’informations recueillies et comment les informations ont été « traitées et utilisées ».
La spoliation des Juifs durant la période d’occupation a fait l’objet d’un rapport en 2007, mais que certains jugent caduc depuis la publication du rapport Artuso en 2015.