Sommes-nous à l’abri des retombées de la crise américaine ? Les arguments des optimistes ne tiennent en tout cas guère debout.
CRISE FINANCIÈRE
Monte ou descend ? Acheter ou vendre ? N’espérez pas trouver dans le woxx les « tuyaux pour devenir millionnaire » … ou pour limiter vos pertes. Mais quand les marchés financiers jouent au yoyo, cela ne concerne pas que les boursicoteurs. La crise financière pourrait se répercuter sur l’économie réelle, et entraîner le monde vers l’abîme, comme dans les années 30. Si les politiciens, notamment Jean-Claude Juncker, se montrent optimistes, la plupart des experts voient l’avenir en noir.
Programme de relance, baisse éclair des taux d’intérêt, plan de sauvetage des rehausseurs (les assureurs des obligations) – aux Etats-Unis, les tentatives pour empêcher un effondrement de l’économie se sont succédées ces derniers jours. Il est trop tôt pour dire si cela suffira pour empêcher une chute libre des cours boursiers. Mais cela ne change rien à un constat largement partagé : les Etats-Unis subissent, pour le moins, « une tendance à la récession », comme l’a formulé Juncker.
Pourtant, côté européen, on se refuse à prendre des mesures préventives. La Banque centrale européenne, obsédée par la lutte contre l’inflation, est confortée dans son inaction par les déclarations des politiciens. Les valeurs clés de l’économie européenne seraient bonnes, assure-t-on. En effet, les entreprises européennes, à la suite de restructurations socialement douloureuses, sont compétitives en termes de coûts. Mais quel intérêt de pouvoir vendre à bas prix si la demande mondiale s’effondre ?
Or, les dix dernières années, la consommation outre-Atlantique, financée à crédit, a fait tourner l’économie mondiale. Cette demande, asphyxiée par la crise financière aux Etats-Unis, ne sera pas remplacée par une demande européenne, assommée par une décennie de politiques d’austérité. Tout l’espoir repose donc sur la consommation dans les pays émergents. Il est possible que les classes moyennes, notamment en Chine, continuent à maintenir la demande mondiale à un niveau convenable. Il est tout aussi possible que, face au risque de freinage économique brutal, la panique s’y installe, avec des crises sociales et politiques en corollaire.
Résumons : les risques sont réels et les déclarations des politiciens européens ressemblent plus à de l’exorcisme qu’à des appréciations sincères. Est-il jusitifié de tricher afin de ne pas attiser la crise ? Peut-être. Car si cela finit bien, ils auront eu raison. Et si cela se termine en désastre, le fait d’avoir terni leur réputation n’aura plus beaucoup d’importance.