A voir l’exposition actuelle de la galerie Nosbaum et Reding, on pourrait se demander si le trou d’été existe aussi pour les galéristes et non seulement pour les médias. Pourtant, en y regardant d’un peu plus près, on se rend compte que « A Select Choice » – même avec ce titre proche de l’ineptie – cache plus de trésors qu’on ne l’aurait cru au premier coup d’oeil.
Exposition collective, elle rassemble quelques grands noms de l’art contemporain, tout en mélangeant les genres et les origines. En entrant, on tombe littéralement sur l’installation de Mathieu Mercier, composée de 52 dalles de marbre blanc. Chacune d’elles a un « dessin vectorisé dont l’aspect synthétique et stylisé conforme le cube blanc du musée à un espace virtuel » – comme le dit le catalogue. Une sorte de musée dans le musée donc, et une oeuvre réflective et critique par rapport au business artistique tel qu’il est aujourd’hui. Autant de petits musées vides qui tracent des chemins qui se croisent et recroisent pour finalement aboutir nulle part. Une belle idée et démonstration qui nous évite même de devenir trop explicite pour ramener un peu de contenu dans ces oeuvres.
Par contre, les tableaux de l’artiste allemand Günther Förg laissent le spectateur plutôt sceptique. Les grandes toiles en acrylique montrent des couleurs pastel – du rose au jaune-vert en passant par l’orange et le rouge – qui se juxtaposent sous forme de petites grilles distribuées sur toute la surface du tableau. En fait, cela a plutôt l’air d’un brouillon d’essai de coloriste que d’un tableau artistique et on a du mal à percer la vraie motivation de l’artiste, qui préfère se cacher derrière les fameux « sans titre ». Un autre regard critique nous provient d’un des artistes majeurs de cette exposition, Claude Lévêque. Son installation « Place Vendôme » – en tubes de néon – est une réécriture personnelle et une réinterprétation de ce haut lieu du luxe où se croise le tout-Paris dans les bijouteries. En utilisant une écriture enfantine – il a réécrit le nom de la place en néon – l’expérience ressemble plutôt à l’essai d’un droitier d’écrire avec la main gauche qu’à une calligraphie. En juxtaposant ainsi les codes – le néon pour le glamour et l’écriture pour son contraire – et en l’unissant en même temps en une seule oeuvre d’art, Lévêque réussit le tour de force de créer un nouveau symbole, de créer un nouvel artéfact dans le monde surexploité des signes.
Un dernier artiste à relever est Marcel Berlanger. Ses deux toiles – en acrylique sur verre – font office d’une combinaison de styles pour le moins intéressante. Ses peintures, qui ressemblent fort à des photographies, comportent souvent des motifs végétaux, comme le « Cyprès » qu’on peut admirer en ce moment au Luxembourg. Mais cela ne veut pas dire que l’art de Berlanger se consacre à des natures mortes – tout au contraire. Ses oeuvres sont toutes porteuses de significations extrinsèques, comme le cyprès ci-dessous qui semble déraciné et en même temps en suspens au-dessus d’un sol rouge. La combinaison de ces éléments permet des interprétations multiples et va au-delà de la pure et simple recherche formaliste que beaucoup d’artistes pratiquent encore et toujours.
En bref, « Select Choice » est une exposition ambitionnée qui montre les aléas du monde et du business culturel de nos jours. Une juste réflexion qui mérite qu’on aille la voir.
« Select Choice », à la galerie Nosbaum et Reding, encore jusqu’au 5 septembre.