POLITIQUE CULTURELLE: Nouvelles planches

Le 8 janvier 2011, le théâtre de la ville d’Esch va enfin rouvrir ses portes. Après deux années de rénovations, la question qui se pose est de savoir s’il correspond aux besoins de la ville. 

« Bien sûr que nous aurions aussi bien pu combler quelques trous dans les rues, cela nous aurait sûrement ramené plus de voix que de ré-nover le théâtre », a remarqué Jean Tonnar, l’échevin délégué aux affaires culturelles de la ville d’Esch, lors de la conférence de présentation du théâtre refait. S’il a certainement raison – vu l’état désastreux de certaines voies publiques de sa ville – cette attitude traduit aussi la peur de la mairie d’Esch d’être encore accusée de jeter l’argent par les fenêtres. 16,3 millions d’euros pour être exact, dont trois ont été pris en compte par le ministère de la culture, tandis que le reste est à charge de la ville. Comme pour pallier d’avance à ce reproche, les responsables ont décidé d’organiser plusieurs portes ouvertes, « pour montrer aux gens où cet argent a été investi », précisait la bourgmestre Lydia Mutsch. C’est certainement nécessaire, vu que la salle et la façade avaient déjà été refaits avant 2008 et que la fermeture du théâtre fut remplacé par une tente à Esch-Lallange et par des spectacles délocalisés à la Kulturfabrik ainsi qu’au Conservatoire de la ville. Autant dire que le spectateur lambda risque de ne pas remarquer de grandes différences avec « son » ancien théâtre. Mais les innovations réelles sont sur et derrière la scène : une nouvelle machinerie et des loges, ainsi qu’une salle de répétition flambant neuve ont été construites. De plus, il fallait investir cinq millions d’euros dans la sécurité de l’immeuble, les standards ayant quelque peu évolué ces 50 dernières années.

Mais ce qui frappait le plus dans la présentation, c’est qu’on parlait davantage du confort des spectateurs que des contenus concrets de la politique culturelle de la ville. Ainsi, à partir de janvier « Personne ne pourra s’excuser de ne pas venir à Esch, en disant qu’il est impossible de se garer», croit savoir Tonnar. En effet, Monsieur et Madame pourront garer leur grosse berline dans le flambant neuf parking souterrain creusé sous la place de la Résistance et accéder à leur loge en empruntant le nouveau passage souterrain – à coût exorbitant comme l’ont fait remarquer plusieurs fois Déi Lénk dans le conseil communal – sans prendre froid, ni risquer de se faire racketter par les gueux qui traînent par là. D’ailleurs, avec leur ticket d’entrée, ils auront droit à un forfait. La seule nécessité de ce passage semble être l’argument de Lydia Mutsch : « Toutes les grandes institutions à Luxembourg-Ville en ont aussi ». On aurait aussi bien pu améliorer les transports en commun et installer un arrêt de bus près du théâtre, cela aurait été plus écologique, moins cher, mais tellement moins glamour?

Côté restauration, l’ancien café Ubu est en train d’être entièrement retapé et repris par un nouvel exploitant : le restaurant eschois Favaro, connu pour être un des plus chers de la ville. D’ailleurs son patron figurait parmi la délégation commerciale à Shanghai emmenée par Jeannot Krecké en octobre.

Pourtant, les édiles locaux pensent aussi aux jeunes. Ainsi, ils sont en train d’élaborer un passeport culturel pour étudiants qui leur permettra de profiter de réductions dans les institutions du « carré culturel » eschois – le théâtre, la Kulturfabrik, le Conservatoire et le musée de la Résistance? qui est de toute façon gratuit. Ainsi, tout aura été fait pour attirer un public bourgeois ainsi qu’un maximum d’étudiants, en vue de l’ouverture en 2014 de l’université. Dommage qu’on soit encore une fois passé à côté d’une vraie ouverture à une culture plus participative (voir aussi l’article page 20).


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