La polémique autour de la viande halal a fait un flop en France. Les candidats Sarkozy et Le Pen ont bien tenté de détourner l’attention de la population des problèmes économiques et sociaux en sortant la carte de l’islamophobie, la majorité du peuple n’a pas suivi. Pour l’ADR, cela reste un sujet. C’est ainsi que le député et président du parti, le très catholique Fernand Kartheiser, vient de recevoir sa réponse du ministre de l’agriculture Romain Schneider à une question parlementaire sur l’abattage rituel. Il s’y enquiert notamment de savoir quelle est la proportion de viande d’animaux abattus sans étourdissement qui serait vendue ou importée au Luxembourg. Il désire également savoir du ministre si un étiquetage est prévu pour les viandes cacher et halal. Le ministre répond que pour l’instant, le Luxembourg n’envisage pas de faire cavalier seul et attend une initiative européenne. Il a également rassuré le député en lui assurant que le Luxembourg n’autorise pas les abattages sans étourdissements préalables, bien qu’une dérogation le lui autoriserait. Par contre, le ministère semble ignorer (contrairement au woxx qui l’avait déjà mentionné dans le numéro 649, en 2002) que cette dérogation était en vigueur jusqu’en 1983 et que, par conséquent, l’abattage sans étourdissement était permis. L’on se demande quelle est la motivation de certains partis qui flirtent avec la xénophobie comme l’ADR, de se découvrir tout d’un coup une âme aussi charita-ble envers les animaux. Que d’authentiques associations de protection des animaux affichent leur scepticisme envers telle ou telle forme de mise à mort n’a rien d’étonnant, elles remplissent leur rôle en toute sincérité. Ces dernières évitent d’ailleurs de se focaliser sur ces modes d’abattages, tant la panoplie de traitements cruels ou considérés comme tels envers les animaux est large. Mais à droite, le mythe du « barbare égorgeur » n’est pas nouveau au sein de ces diverses tendances politiques. Bien avant que l’islamophobie ne soit à la mode, des associations antisémites au 19e et 20e siècles n’hésitaient pas à vouloir faire interdire l’abattage cacher au prétexte de l’insupportable souffrance infligée aux bêtes. S’y ajoute que la communauté scientifique est loin d’être unanime au sujet des souffrances supplémentaires que ces abattages infligeraient aux animaux. Fait dans les règles de l’art (l’islam et le judaïsme sont particulièrement méticuleux envers la souffrance animale), ce genre d’abattage ne se révèle pas forcément plus « inhumain » que l’abattage industriel de masse qui, s’il n’est ni musulman, ni juif, n’a rien de très catholique.
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