Le Luxembourg, qui héberge plusieurs sites et surtout le siège social d’Arcelor-Mittal, est directement concerné par un article du numéro de mai du Monde diplomatique. Le journaliste Tristan Coloma a enquêté dans plusieurs pays d’Europe sur les conflits sociaux au sein de l’entreprise, et brosse un tableau plutôt sombre des perspectives d’avenir. A Liège, à Gandrange et à Schifflange, en République tchèque et en Pologne, des sites sont menacés de fermeture, et les syndicats ont du mal à trouver des ripostes. Les militants interviewés rappellent que par le passé, un site a pu être joué contre un autre, avec parfois – à Liège-Seraing en 2008 – la complaisance de ceux qui en ont profité. Mais aujourd’hui, l’insécurité généralisée pousserait à une véritable solidarité. Or l’européanisation du mouvement syndical se heurte à de nombreux problèmes, écrit Coloma : barrière linguistique et cultures politiques différentes entre Latins plus portés sur la confrontation et Nordiques soucieux du dialogue social. Et surtout « la contradiction entre la défense du marché du travail national et l’affirmation des valeurs internationalistes ». Les instruments pour mener des négociations sociales à l’échelle supranationale font également défaut. L’auteur décortique les faiblesses du cadre légal dans lequel travaillent les comités d’entreprise européens, mal informés et méprisés par des patrons comme Lakshmi Mittal. Quant à la Confédération européenne des syndicats (CES), elle a du mal à s’imposer, et pas seulement face aux patrons. A part les euro-manifestations, elle serait « inexistante », « une sorte d’Onu syndicale », selon les interlocuteurs français, tandis que les « difficultés avec le secrétariat de la CES » qu’éprouve la confédération allemande DGB sont telles que son président refuse carrément de s’exprimer sur l’eurosyndicalisme. Que reste-t-il ? L’article mentionne la tentative de la fédération belge d’opposer une étude sur la viabilité de la sidérurgie liégeoise aux plans de démantèlement d’Arcelor-Mittal. Il y a surtout la volonté de ne pas se laisser faire, et de dénoncer avec rage la manière dont Lakshmi Mittal profite des subventions publiques pour rechercher les gains financiers, tout en préparant l’arrêt de sa production européenne. Et aussi l’espoir que les pouvoirs politiques interviennent. Dans l’article, le président du groupe syndical d’Arcelor-Mittal en Europe cite un exemple en Rhénanie-Palatinat, mais il s’agit sans doute de la Sarre. Chez nos voisins, la Saarstahl et la Dillinger Hütte sont effectivement contrôlées par la Montan-Stiftung-Saar, créée par le land et dévouée au maintien de la sidérurgie sarroise.
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