WICKRANGE/LIVANGE: The Luxemburgish Nightmare

Quelles que soient les conclusions qui seront (peut-être ?) un jour tirées de l’affaire Wickrange/Livange, cette dernière dévoile à ceux qui ne l’auraient pas encore compris la manière dont fonctionne notre pays.

L’affaire Wickrange/Livange devrait être classée et plus personne ne devrait en parler. C’est ce qu’a souhaité ce mercredi l’éditorialiste de la « presse amie » du CSV, aux yeux duquel l’opposition devrait désormais cesser de mettre en cause certains ministres. Car, en définitive, celui-ci a décrété que l’offensive bleue-verte au parlement mardi dernier se serait soldée par « retentissant pssschtt », reprenant ainsi l’onomatopée employée jadis par Jacques Chirac, alors président de la République française, pour qualifier les accusations portées à son encontre. Un « pssschtt retentissant » qu’il semble d’ailleurs être le seul à avoir entendu. Monsieur Finck n’est pas le seul à écouter parler ses rêves.

Mais au lieu d’un « psschtt », c’est un « boum » à retardement que nous risquons d’entendre un jour. Pas étonnant que le « Wort » en veuille à l’opposition, car cette affaire touche deux piliers fondamentaux du système luxembourgeois, la finance et le complexe immobilier/foncier. Elle évoque ensuite la méthode pour tenir le tout : les arrangements opaques entre hauts responsables politiques, hauts fonctionnaires, ainsi que les « décideurs » économiques de poids. Certes, le Luxembourg ne détient pas le monopole du « gemauschels ». Mais c’est certainement le prix à payer d’une nation dont le mode de vie repose principalement sur l’« ingénierie financière » et son expertise à rendre opaque des intérêts économiques énormes qui craignent la transparence autant qu’un vampire la lumière.

Oublions les « discours du dimanche » de nos hauts responsables politiques, les gentilles allocutions annuelles de notre monarque constitutionnel et les louanges internationaux flattant l’intelligence et l’habileté des dirigeants grands-ducaux. Depuis la liquidation de notre industrie sidérurgique et notre subséquente focalisation sur l’économie de « services », notre pays est pourri jusqu’à la moelle. Il ne pourrait d’ailleurs que difficilement fonctionner autrement. Et nos dirigeants, qu’ils soient plus ou moins habiles, plus ou moins brillants, ont intégré cette idée, ils font avec. It’s the luxemburgish way of life.

Il peut toutefois arriver que l’un ou l’autre se montre un peu moins habile, un peu moins discret. Ou tout simplement trop sûr de lui. Et là, tout risque d’exploser en public : des responsables politiques qui n’ont pas innové en s’acoquinant, ne serait-ce que pour faire « passer » un projet (il ne s’agit même pas forcément de corruption), avec des plus friqués qu’eux, doivent désormais s’en expliquer à une opinion médusée. L’année passée, lors de la première audition à la Chambre, Jeannot Krecké, alors encore ministre, avait – avec la franchise qu’on lui connaît – reconnu, dans un accès d’énervement, que les arrangements tels qu’ils ont été passés entre Becca et Rollinger d’une part et trois membres du gouvernement (dont son chef) d’autre part n’avaient rien d’extraordinaire. Gros projet, gros budget, gros sous. Que l’utilité de ce stade soit contestable, que la construction d’un énième projet d’hypermarché soit détestable, que les impacts sociaux et écologiques passent à nouveau à la trappe, tout cela n’a malheureusement rien d’étonnant. Business as usual.

Si la place financière se distingue par son – contestable – secret bancaire, son efficacité réside également dans sa capacité à « faciliter » le travail à de gros investisseurs. Quitte à ce qu’un ministre passe un coup de fil. Rien ne nous permet à l’heure actuelle d’affirmer que ces méthodes, ces arrangements « à la luxembourgeoise » se soient produits tels que les rumeurs et les affirmations médiatiques le laissent supposer. Une commission d’enquête parlementaire aurait pu contribuer à éclaircir le tout : c’est la raison pour laquelle cette option a été bloquée par la majorité avec une telle détermination. Mais une chose est certaine : il ne faudra pas s’étonner que ce fut le cas.


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