LTPES: Surprise programmée

Ignorer un problème, jusqu’à ce qu’il devienne ingérable. C’est ce qui semble être la méthode de travail du ministère de l’Education nationale.

C’est ce qu’on appelle un travail bâclé. Si les responsables du ministère de l’Education nationale (MEN) étaient jugés à l’aune des critères qu’ils appliquent aux élèves, ils seraient au mieux ajournés. Comment interpréter sinon le cafouillage autour du Lycée technique pour professions éducatives et sociales (LTPES) ?

En tout cas, une quarantaine d’élèves de ce lycée situé à Mersch se trouvent actuellement dans une situation bien pénible. Inscrits dans les classes de 11ePS (Professions de santé) et destinés à rejoindre la section ED du LTPES (celle qui forme les éducateurs), ils doivent encore passer un examen d’ajournement. Rien de bien grave jusque-là, hormis des vacances d’été quelque peu compromises. Mais voilà, fin juillet, la direction du lycée leur a fait savoir qu’ils ne pourraient pas intégrer la classe de leur choix, faute de places en nombre suffisant. Et de leur conseiller soit de trouver une place dans une école à l’étranger, soit de se réorienter, ce qui, pour des élèves qui s’y préparaient depuis deux ans, n’a rien de réjouissant.

Le ministère « envisage »
une solution

Ni une, ni deux, les députés libéraux Eugène Berger et Xavier Bettel se sont fendus d’une question urgente à Mady Delvaux, ministre de l’Education nationale. Ils veulent entre autres savoir si elle est au courant des problèmes de surpopulation, connaître la base légale de la direction qui aurait motivé le refus, comment elle entend remédier à la situation et comment elle entend éviter de tels problèmes à l’avenir. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la réponse ministérielle est plus que brève. Elle se limite à des chiffres documentant l’augmentation des admissions en 12eED depuis l’année scolaire 2010/2011 (de 312 à 334), qualifiant cette tendance de « spectaculaire » et se satisfait d’un lapidaire : « Pour une quarantaine d’élèves ajournés en classe de 11ePS, une solution devra être envisagée de concert avec la direction du LTPES, en septembre. » En gros, la ministre répond par la question. Encore heureux que son administration « envisage » une solution. Par contre, aucune clarification quant aux autres questions. L’omission de réponse à certaines questions parlementaires est un vieux truc dont beaucoup de députés doivent faire les frais. Mais il cache tout simplement des lacunes de justification. Un mea culpa serait bien plus honnête.

Car la situation, comme l’indique d’ailleurs la réponse, n’est pas un fait nouveau. C’est ce que constate aussi le syndicat Santé et services sociaux de l’OGBL qui rappelle qu’elle est connue depuis des années et ne comprend pas pourquoi le ministère n’a jamais rien entrepris afin de remédier à cette situation. Et de mettre en question les propos du directeur de l’établissement, Henry Welschbillig, selon lequel il faudrait éviter qu’un nombre trop important d’élèves diplômés de son lycée ne se retrouvent au bout du compte sans emploi. Car au contraire, les besoins dans ce secteur sont, selon l’OGBL, encore très importants. Et il est important de disposer de personnel de qualité. L’OGBL se saisit ainsi de l’occasion pour rappeler qu’un projet de loi datant de 2012 prévoyant une augmentation du personnel qualifié de 40 à 60 pour cent dans l’éducation infantile n’a plus refait surface. Pendant ce temps, le ministère conseille aux ajournés de prendre leur mal en patience et de bûcher comme si de rien n’était. Et qui sait, peut-être seront-ils assez démotivés pour rater l’examen. Ce qui « résoudrait » le problème. Jusqu’à l’année prochaine…


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