N’ayant pas trouvé la majorité nécessaire pour faire grève, l’OGBL a signé la convention collective, s’attirant les foudres du LCGB. Le grand gagnant de l’affaire est Arcelormittal.

En temps normal, la signature d’une nouvelle convention collective est presque toujours équivalente à une amélioration des conditions de travail, au pire à un statu quo. Pour ce qui est de celle signée par l’OGBL jeudi dernier, le moins qu’on puisse dire est que ce n’est pas le cas : jours de repos perdus, gel des salaires et évolution des carrières soumise à des conditions souvent draconiennes. Alors qu’il se trouvait sur le chemin vers la grève, l’OGBL a fini par signer cette convention collective, que le syndicat adversaire et minoritaire dans la sidérurgie, le LCGB, refuse de signer. Pire même, il s’indigne du geste du « grand frère » et évoque même un « jour noir pour la sidérurgie ».
27 pour cent pas d’accord avec Arcelormittal.
Qu’est-ce qui pourrait avoir motivé l’OGBL à signer cette convention ? Un petit détail dans le communiqué du LCGB pourrait aider à mieux comprendre ce pas, car il y est écrit que 70 pour cent des salarié-e-s refusaient les propositions du patronat. Et 70 pour cent, ce ne sont pas les 75 pour cent nécessaires à faire la grève. Joint par le woxx, Christophe Knebeler, en charge de la communication du LCGB tempère : « 70 pour cent, c’est le nombre de gens qui n’étaient pas d’accord avec les propositions patronales. Quant à ceux qui voulaient faire grève, nous ne le savons pas. Pourtant, nos idées pour la convention collective ont été balayées d’un tour de main par les délégués OGBL. »
Une information contredite par le secrétaire central pour la sidérurgie de l’OGBL, Jean-Claude Bernardini, qui qualifie ce chiffre de mensonge : « Lors de l’assemblée générale, seulement 1.300 des 3.500 salarié-e-s concerné-e-s ont voté. 78 pour cent de ces 1.300 étaient contre les propositions patronales. Donc si on pondère cela avec 3.500 concerné-e-s, on en arrive à un chiffre de 27 pour cent qui étaient contre la proposition d’Arcelormittal. » Un chiffre qui a conduit l’OGBL, qui prévoit d’ailleurs de communiquer par tract dans les usines les jours qui viennent pour faire entendre son propre son de cloche, à signer la position patronale. Même si pour Bernardini, cela reste un mauvais accord. Mais, toujours selon l’OGBL, il fallait sauver les meubles, et la convention collective comprendrait quelques avancées sur les salaires et les jours de repos – pas par rapport à l’ancienne convention, mais par rapport aux propositions d’Arcelormittal. Car dans le cas où aucun accord n’aurait été trouvé – d’après le syndicat majoritaire -, le Code du travail aurait été appliqué et après une période transitoire, chaque salarié-e aurait perdu de l’argent.
Tandis que les deux syndicats se querellent pour savoir à qui revient la faute, Arcelormittal se félicite officiellement d’un accord qui aidera « la société à atteindre ses objectifs d’un avenir durable pour la sidérurgie au Luxembourg ». Ses contreparties à la nouvelle convention sont en effet minces ; même les 150 millions d’investissements seraient conditionnés aux lois du marché, comme le regrette Knebeler, et d’ajouter : « Parmi ces 150 millions, une partie est dédiée à la maintenance du matériel déjà sur place. Il est difficile en ce cas de parler d’un réel investissement. » Raison de plus pour rester attentif au futur de l’industrie sidérurgique au Luxembourg.