La Grande Région à l’honneur – Zic-Zac en Lorraine est une association qui dépasse les frontières françaises, sans perdre des yeux son objectif premier: développer la carrière de musiciens locaux.
Celles et ceux qui s’intéressent un tant soit peu à ce qui se passe de l’autre côté de la frontière française connaissent probablement l’association Zic-Zac en Lorraine. Comme le nom l’indique, il s’agit d’une structure qui prend en compte toute la région lorraine, englobant ses quatre départements. Fondé en 1999, Zic-Zac en Lorraine – dont le nom est la contraction de muSIQUES ACtuelles – par des amateurs passionnés de musique, l’association ne se veut „ni un collectif, ni une fédération mais simplement l’outil juridique d’une mise en réseau des diffuseurs lorrains des musiques actuelles“. Ainsi se définit la structure sur son site web. Selon Amélie Jeanesson, la chargée de communication, „l’action de Zic-Zac se situe avant tout sur le terrain. Il s’agit de référencer un peu tout ce qui existe en termes de structure pour les groupes. Des salles de concert qu’on peut programmer, des locaux de répétition et autres outils que peuvent avoir les musiciens pour avancer dans leur chemin. Nous avons un rôle d’information, en ce qui concerne les subventions auprès de tous les acteurs. Puis nous établissons aussi le lien entre les institutions et les artistes“.
En pratique, cela veut dire que Zic-Zac se comprend un peu comme une méta-association, dans le sens où elle fédère d’autres associations locales, établit des liens entre celles-ci et aussi envers les institutions publiques ou privées. Ainsi elle aide les groupes et musiciens qui le désirent à entrer en contact avec les fameux „tremplins de la musique“, comme ceux des Eurockéennes de Belfort ou encore du Printemps de Bourges – pour lequel le Luxembourg a postulé pour la première fois en 2006 et même réussi a placer un groupe luxembourgeois, Eternal Tango, dans la programmation du fameux festival de newcomers.
L’exclusion d’Eros
Pour son financement, Zic-Zac reçoit des subventions du conseil régional de Lorraine et des conseils généraux – décentralisation oblige, le ministère de la culture français n’intervient pas directement dans ces procédures. D’autant plus que travailler en réseau et surtout dépasser les frontières du territoire national peut impliquer d’autres possibilités plus larges au niveau européen. C’est ainsi qu’en 2005, Zic-Zac a décidé de participer au projet Eros (Europe, Réseau et Outils pour la Scène), qui se déroule en France, en Belgique et au Luxembourg (où les partenaires sont la Kulturfabrik et Backline asbl). L’idée derrière Eros est simple: sélectionner des groupes sur dossier et les faire passer à travers deux niveaux. Premier niveau: l’Eros-Tour qui rassemble les groupes sélectionnés et qui les fait tourner dans les différentes régions et pays. Le niveau deux est plus abstrait: développement de la carrière. Cela peut pouvoir dire beaucoup de choses, d’une chanson placée sur une compilation locale à contrat avec une major. Pour Zic-Zac s’était avant tout cette première possibilité, certes modeste, qui semblait la plus souhaitable.
Selon Amélie Jeanesson toutes les structures participant au projet Eros semblaient être d’accord avec l’idée de la compilation avancée par Zic-Zac. Ce qui les a poussées à croire que c’était une chose décidée. „Le problème c’est que tout s’est mis à traîner pendant des mois et des mois et que rien ne se passait“, explique-t-elle. C’est à ce moment que Zic-Zac décide de prendre les choses en main. Et de réaliser „en solo“ la compilation tant attendue par les groupes arrivés au niveau deux. Baptisée „Un coup de grisou pour les oreilles“ – elle comprend des groupes français, belges et luxembourgeois et est une collection de petits joyaux de tous les genres possibles: électro, pop, world, punk, indé, expérimental, métal et bien-sûr aussi de la chanson française. Mal leur en a pris. En réaction, leurs partenaires ont décidé de les exclure du projet et du réseau Eros. Pour une strucure qui veut encore faire avancer son expansion, cela peut signifier, peut-être pas un arrêt de mort mais en tout cas des problèmes substantiels. Si elle n’est pas au courant des conséquences budgétaires de l’exclusion – l’assemblée générale de Zic-Zac doit se tenir bientôt pour clarifier ce volet – Amélie Jeanesson ne pense pas que c’est la fin du monde. „Cela complique un peu les choses, c’est sûr. Surtout au niveau du dialogue avec les autres associations. C’est dommage qu’on ne puisse plus travailler ensemble avec certains partenaires, car finalement nos objectifs sont les mêmes“. Pour le futur, Zic-Zac envisage de lancer son propre appel à candidatures et de continuer à travailler sur des compilations. „C’est aussi pour se démarquer un peu par rapport au projet Eros. Qui d’ailleurs n’a toujours rien fait pour les musiciens du niveau deux, et n’annonce rien de concret pour son appel à candidatures pour 2007.“
En outre, Zic-Zac prévoit en ce moment aussi de se rapprocher d’une structure encore en construction: le Centre Régional de Musiques Actuelles (CRMA) de Nancy. Il s’agit d’une structure qui regroupera des salles pour le spectacle vivant et les oeuvres multimédias, des espaces destinés à la création et à la formation, comme des studios d’enregistrement et des salles de répétition et un centre de documentation – une Rockhal lorraine d’après les ingrédients. Si elle réussit à s’associer durablement à cette structure, son avenir s’annonce radieux. Car en fin de compte, l’exclusion d’Eros ne veut pas dire qu’aucune structure ne veuille collaborer avec Zic-Zac – la Kulturfabrik compte d’ailleurs toujours parmi ses partenaires et n’a pas cessé le dialogue – mais plutôt le fait qu’elle soit forcée de s’étendre encore plus. „En ce moment nous sommes en train de voir ce qui se passe en Belgique et au Luxembourg“, raconte Amélie Jeanesson“, et à l’avenir nous allons essayer d’aller encore plus loin avec nos projets“.
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www.zic-zac.com