Une époque s’est terminée quand en novembre dernier est tombée la nouvelle de la fermeture de « Psikopat », magazine français de comics déjantés et engagés, mais la relève vient de pointer son bec – sur le net.
Pour un long voyage en train ou un séjour à la plage, quoi de mieux qu’une lecture drôle, légère et engagée ? Avec ses dessins souvent absurdes, ne craignant pas les grosses vannes scatophiles et sexuelles propres à faire fuir les cathos comme les bien-pensant-e-s, « Psikopat » était un média de choix. Fondé en 1982 par le dessinateur Carali (Paul Karali au civil et frère d’Édika, dessinateur connu pour ses nombreuses collaborations à l’autre phare de l’humour dépassant les bornes, « Fluide glacial »), la publication a connu des hauts et des bas, mais est restée un gage de qualité. Pas étonnant, vu la liste des collaborateurs-trices : Robert Crumb, Lewis Trondheim, Roland Topor, Luz ou encore Jean-Christophe Menu.
La raison de l’arrêt de la publication, c’est la fille de Carali – Mélaka, aussi dessinatrice, qui avait collaboré pendant 20 ans au journal – qui l’a donnée aux Inrocks : « C’est une grosse fatigue (…) Un journal comme le Psiko, il faut se marrer à le faire, sinon ça se sent. » Elle y a ajouté aussi des réticences par rapport au bilan carbone de la presse écrite, « qui bousculait un peu [son] éthique écolo ces derniers temps… »
C’est pourquoi Mélaka et son compagnon dessinateur Reno viennent de lancer « Mazette ». Un « magazine de BD numérique, drôlatique, satirique et écologique » qui « sera la descendance logique de Psikopat », mais en mieux, puisque « l’équipe de dessinateurs de BD et de presse qui composait le cœur du Psiko sera enrichie par l’arrivée de nouveaux talents, qui permettront à nos lecteurs de nouveaux médiums à fort potentiel distractif mais toujours engagés : musique, vidéos, jeux, podcasts viendront s’ajouter aux BD, textes coup-de-gueule et dessins d’actu habituels ».
Pour soutenir ce projet, une cagnotte en ligne a été lancée sur le site ulule, pour lever les 30.000 euros nécessaires au commencement de cette nouvelle aventure. Amatrices et amateurs d’humour pas politiquement correct, vous savez ce qui vous reste à faire !