Bénévolat : Encore du retard

La coalition bleu-rouge-vert avait promis de s’attaquer aux problèmes du monde associatif. À un peu plus d’un an des législatives, un sondage vient d’être publié.

© MINFAM

Après l’Agence du bénévolat et la charte du bénévolat, la ministre de la Famille et de l’Intégration Corinne Cahen (DP) nous promet une « plateforme du bénévolat » encore avant l’été… les travaux préparatoires seraient dans les « leschten Zich ». Cette promesse a été faite lors de la présentation d’une enquête menée par TNS Ilres en automne auprès d’un échantillon de 2.058 résident-es âgé-es d’au moins 16 ans.

La ministre de la Famille indique avoir ainsi répondu à un point de l’accord de coalition et que les résultats du sondage permettaient « de tirer un nombre de conclusions qui aideront à ‘promouvoir l’engagement citoyen de manière plus efficace’ et à élaborer une ‘stratégie pour promouvoir le bénévolat et pour soutenir les nombreux volontaires dans leur travail bénévole’, comme stipulé dans l’accord de coalition 2018-2023. »

À lire de plus près cet accord, on constate cependant que non seulement l’ampleur de l’étude a fortement rétréci, mais aussi qu’elle vient très tard, quelque 14 mois avant la fin de la législature. Le programme de coalition prévoyait « une étude sur la vie associative (…) afin de promouvoir l’engagement citoyen de manière plus efficace et de mieux comprendre les besoins des associations ». Elle devait par la suite permettre d’élaborer une stratégie afin que l’Agence du bénévolat puisse entamer « un dialogue structuré avec les associations concernées et les représentants du bénévolat. »

Sans vouloir diminuer l’intérêt et les résultats du sondage mené par TNS Ilres, on doit donc constater qu’il ne constitue que le début embryonnaire d’une étude attendue depuis longtemps par le monde associatif.

Le « dialogue structuré » ne devait par ailleurs pas être du seul ressort du ministère de la Famille, mais impliquer les représentants des différents ministères concernés. Des éléments très concrets de la vie associative devaient ainsi être abordés, de l’assurance en cas d’accidents ou face aux risques de responsabilité civile jusqu’à la formation initiale et continue des concerné-es.

Pour son enquête, TNS Ilres s’est inspiré de sondages similaires à travers l’Europe pour distinguer dès le départ entre bénévolat formel (réalisé à travers des associations établies) et informel (sur initiative propre), le champ d’application prenant ainsi des facettes très variées. Les interviewé-es ont ainsi été confronté-es à différents types de bénévolat plus concrets pour alors indiquer si l’un ou l’autre s’appliquait à leur situation.

59 % de bénévoles

Le résultat global – qui ne semble pas différer beaucoup d’autres pays européens – pourrait se résumer à la fameuse bouteille mi-vide ou mi-pleine : 59 % des résident-es interrogé-es indiquent faire du bénévolat, 19 % de façon formelle, 28 % de façon informelle, et 12 % cumulent les deux modes opératoires. Par contre, 41 % des sondé-es ne participent donc à aucune des formes de bénévolat prises au sens large. Heureusement, 15 % des non-bénévoles actuel-les se déclarent prêt-es à s’engager dans l’avenir de façon « certaine »…

Si le sondage, dont certains détails peuvent être consultés sur le site du ministère de la Famille, donne une large panoplie de renseignements sur la motivation, mais aussi sur les déceptions rencontrées par les bénévoles en général, il couvre malheureusement peu d’éléments sur les structures mêmes dans lesquelles évolue le bénévolat.

Selon le secteur d’engagement formel, entre 11 % et 35 % des bénévoles indiquent être membres du CA d’une organisation. Hélas, l’échantillon trop faible n’a pas permis de creuser plus profond auprès de ces personnes. C’est bien à ce niveau que les problèmes de renouvellement générationnel se font le plus ressentir et que se trouve une source de frustration des bénévoles souvent les plus engagé-es : manque de moyens et de ressources pour mener à bien le mandat qu’on s’est vu confier.

Pour la ministre de la Famille, le principal problème semble résider entre un « matching » des personnes disposées à s’engager et les besoins des associations. Or, des pans entiers du bien-être social dépendent du monde associatif qui doit encadrer, former et motiver des bénévoles parfois hautement spécialisé-es. Leurs compétences parfois mal reconnues et encore moins valorisées se perdent à chaque départ, qui ne s’explique pas toujours avec l’âge avancé des concerné-es, mais souvent par une accumulation d’obligations et d’obstacles qui empêchent de venir à bout de projets sur le terrain.


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