CETA et TTIP : Encore un petit effort !

Les élites européennes essaient de faire passer le CETA au sprint. Les ONG sont décidées à se mettre au milieu de leur chemin.

(Photo : Wikimedia M0tty CC BY-SA 4.0)

(Photo : Wikimedia M0tty CC BY-SA 4.0)

« Le consensus autour du TTIP semble être ébranlé, et nous nous en félicitons. » Lors de la récente conférence de presse de la plateforme d’ONG « Stop TTIP », Blanche Weber s’est montrée contente. Et combative : « Mais nous n’avons aucune indication sur un abandon définitif du projet, et le gouvernement luxembourgeois se tait. » De toute façon, la priorité, aux yeux de la présidente du Mouvement écologique, est ailleurs : « Le débat autour du CETA est plus pressant, car une première décision va être bientôt prise. »

La plateforme vient d’ailleurs de compléter le texte de son logo en « Stop TTIP & CETA ». Weber explique qu’il ne faut pas se laisser tromper pas les ruses du vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel : les améliorations du CETA que celui-ci promeut ne seraient que des « minimodifications ». L’essentiel reste, selon les ONG, le fait que les dispositions de l’accord avec le Canada ressemblent à celles prévues pour les États-Unis. De surcroît, le CETA permettrait aux grandes entreprises étasuniennes de profiter de ces dispositions sans attendre le TTIP, en transférant leur siège au Canada.

Les politiciens luxembourgeois en prennent aussi pour leur grade : « Dans le cadre du CETA-check, nos députés européens sont particulièrement nombreux à refuser de répondre – le Vert Claude Turmes mis à part. » Les ONG demandent aux représentants du gouvernement – qui comporte aussi des Verts – que lors des meetings européens, ils s’opposent à l’adoption du CETA. Ou, à défaut de cela, qu’ils refusent au moins son application provisoire, qu’ils exigent donc que l’accord n’entre pas en vigueur avant que tous les parlements nationaux l’aient ratifié.

Consensus du « non »

S’il y a un large consensus sur cette position, les détails des argumentations des 20 ONG peuvent diverger. Ainsi, le Mouvement écologique insiste sur la formule « TTIP sous sa forme actuelle » – ce qui sous-entend qu’il ne condamne pas le principe du libre-échange.

Dany Noesen de Bio-Lëtzebuerg par contre a exposé qu’une ouverture du marché européen serait « difficile à supporter » pour les agriculteurs face à des concurrents d’outre-Atlantique bénéficiant de « tout autres conditions de production », alors que les différences à l’intérieur de l’UE seraient déjà difficiles à gérer. Pour elle, l’agriculture devrait être complètement épargnée dans ce type d’accord.

Quant à Véronique Eischen de l’OGBL, elle s’est aussi référée au secteur agricole, mais sans même évoquer les nombreuses insuffisances de la politique agricole commune. À côté d’arguments substantiels comme le non-respect des normes sociales internationales, elle a ressorti l’idée qu’il ne pouvait y avoir d’harmonisation des normes parce que « nous les Européens avons une tout autre attitude que les Américains ». Cela se rapportait au principe de précaution par opposition au principe de réparation, ce dernier étant conçu comme évidemment inférieur – une différenciation fortement contestée parmi les experts en la matière. Faisant ainsi feu de tout bois, la représentante syndicale voulait clairement suggérer que même un accord de libre-échange renégocié sur de nouvelles bases devait être rejeté.

Notons que le 29 septembre a lieu la conférence « Pourquoi CETA ne doit pas se faire », avec Fabien Milin, organisée par la structure ad hoc « Stop Tafta », par ailleurs membre de la plateforme des ONG. Rendez-vous à 18h30 au Casino de Bonnevoie. Enfin, le 8 octobre, la plateforme organise une manif sous le mot d’ordre « Plus que jamais : non à TTIP et CETA ! Oui à un commerce mondial équitable ! ». Départ du cortège à 10h, place de la Gare.


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