Climat : Pas encore la bonne version

Le point vient d’être fait sur la politique climatique luxembourgeoise lors d’une conférence de presse (voir : En route vers 2030). Analyse des forces et faiblesses de l’approche défendue par les ministres Déi Gréng.

Arbre planté, tempête évitée ?
(Pixabay, Bessi)

« Nous sommes le seul pays avec la gratuité des transports en commun », « aucun pays en Europe n’entreprend une électrification des autobus comparable » − quand Claude Turmes vante la politique gouvernementale, il aime présenter le Luxembourg comme un cas unique. Dans le contexte du bilan préliminaire du plan climat de mardi dernier, cela peut passer pour de l’habileté politicienne : l’année électorale 2023 se rapproche. Mais cela donne aussi envie de le contredire, et pas seulement en renvoyant aux nombreux domaines dans lesquels le Luxembourg fait figure de cancre. Car, en vérité, si le petit grand-duché cherche à être le meilleur en matière d’action climatique, cela ne relève pas d’une démarche méritoire, mais répond simplement à une nécessité : celle de changer en profondeur, alors qu’il est un des pires – et des plus riches – pollueurs mondiaux.

Considérée sous cet angle, la politique climatique actuelle des ministres Déi Gréng constitue une sorte de « version 2.0 ». Elle représente certes un net progrès par rapport au passé, mais ses avancées ne peuvent faire oublier ses insuffisances. Insuffisances qui ne sautent pas aux yeux aujourd’hui, mais qui pèsent sur les chances de réussite pour demain. Ainsi, les politiques sociales d’accompagnement sont généreuses pour le moment, tout en étant très limitées, et de ce fait impropres à constituer une réponse aux conséquences bien plus dramatiques des transformations économiques à venir.

Les Verts, toujours pas mûrs ?

Les objectifs et les principes énoncés lors de la conférence de presse de mardi dernier ne sont pas en cause : ils permettent au Luxembourg de prendre part à la lutte contre le réchauffement global comme jamais auparavant – s’ils sont vraiment appliqués. Le problème, c’est que cette offensive climatique débute bien tardivement et risque de progresser trop lentement. Surtout, elle privilégie les solutions technologiques et les corrections ponctuelles, plutôt que de s’attaquer à un changement profond de notre système de production, de consommation et de cohésion sociale.

Comment en est-on arrivé là, alors que les Verts, pour lesquels le climat est un sujet central, sont au gouvernement depuis bientôt huit ans ? Certes, il a fallu une période de rodage, et certes, le parti était en position faible dans la coalition Bettel I. Et clairement, les risques d’enlisement que nous identifions dans le plan climat sont aussi liés à la pusillanimité des autres partis dans ce domaine.

Luxembourg : grand mal, grand remède

Mais il y a aussi eu, comme dans le cas du traité Ceta, le renoncement à un discours radical, fût-il en décalage avec les compromis dictés par le réalisme politique. Il y a surtout l’attachement à la chimère du win-win, qui fait miroiter une transformation écologique sans difficultés économiques ni déchirures sociales. Cela permet d’espérer une transition énergétique s’accélérant toute seule grâce à la dynamique des marchés et des profits. Et de considérer les défis sociaux comme un problème de redistribution plutôt que de reconstruction de l’économie et de la société.

Alors que notre niveau d’émissions de CO2 directes et indirectes, la profusion de moyens matériels et immatériels ainsi que la densité économique et démographique devraient nous pousser à devenir un modèle en matière de politique climatique, la direction prise est autre : avancées certes, mais trop timides, innovations technologiques certes, mais non accompagnées de transformations structurelles. Saluons donc la « version 2.0 », tout en réclamant, au plus vite, une « politique climatique 3.0 ».

Lien vers les documents officiels.

 


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