Réduire rapidement les émissions de CO2 durant la décennie en cours, c’est le but du plan climat. Bilan intermédiaire – plutôt préliminaire – par le gouvernement.
Les ministres responsables de la politique climatique ont changé au fil des décennies, mais toutes et tous répètent le même mantra : « Le Luxembourg est ‘on track’ », c’est-à-dire sur les rails pour tenir ses engagements en matière de réduction de CO2. Ce mardi, Carole Dieschbourg et Claude Turmes, ministres du Climat et de l’Énergie, ont fait le point sur la politique climatique nationale, quatre semaines avant la conférence COP26 à Glasgow. Et, bien entendu, la presse a reçu l’assurance que tout était en place pour atteindre l’objectif CO2 de 2030, à savoir -55 pour cent par rapport à 2005.
Parmi les mesures du « National Energy and Climate Plan » (NECP) remis à l’UE, Turmes insiste sur celles relatives au transport : les investissements dans les infrastructures de transport en commun et de mobilité douce doivent inciter les gens à moins recourir à la voiture. Cependant, selon le ministre, « le Luxembourg reste un pays avec beaucoup de voitures » : beaucoup d’argent sera également investi dans l’électromobilité. Enfin, du côté du tourisme à la pompe, la plus importante source nationale d’émissions, Turmes affirme que le gouvernement contrôle la situation, ou du moins « les excès ».
Luxair sauve le climat
Alors que dans le NECP la finance verte est très présente et donne au plan un air de prospectus de « nation branding », lors de la présentation de mardi, elle était reléguée à l’arrière-plan. Une annonce à relever concerne l’énergie de chauffage : le réseau de distribution de gaz ne connaîtra plus d’extension ; désormais, on mise sur les pompes à chaleur et les maisons passives. Enfin, tant pour les rénovations énergétiques de bâtiments que pour l’achat de voitures et de deux-roues électriques, le versement des primes d’encouragement sera accéléré. En effet, du personnel prêté par la Luxair à l’État sera affecté au traitement de ces dossiers… ce qui le changera de son travail habituel, dans lequel il est impliqué dans la production des dévastatrices émissions de CO2 du transport aérien.
Afin d’illustrer l’« effort considérable » déjà consenti par le Luxembourg, Carole Dieschbourg a présenté un graphique sur l’évolution des émissions de CO2 par habitant-e. La réduction totale depuis 2005 a été de 22 pour cent, mais entre-temps la population a augmenté, et les émissions par habitant-e ont baissé de 43 pour cent. Une performance indéniable, et pourtant… Cela ne doit pas faire oublier que le Luxembourg part d’un niveau d’émissions très élevé et possède des moyens exceptionnels pour mener à bien une transition énergétique. Et surtout, les émissions par habitant-e n’incluent évidemment pas le CO2 lié à la consommation de produits d’importation (pour l’inclure, il y a cependant la fameuse empreinte carbone, voir woxx.eu/over2020).
Un autre « produit d’importation » a par contre été banni par la ministre : le rachat de certificats de réduction de CO2 à l’étranger. Par le passé, le Luxembourg avait utilisé ces « mécanismes flexibles » afin de compenser son inaction climatique. « Nous ferons tout pour atteindre nos objectifs 2030 par des réductions nationales », a affirmé Dieschbourg. Et d’ajouter que plutôt que de se soustraire à ces objectifs, il fallait être préparé à les augmenter à la suite des négociations internationales des années à venir.