La sortie progressive du bouclier énergétique devait faire l’objet d’une négociation entre gouvernement, syndicats et patronat. Mais ce ne sera finalement pas le cas, Luc Frieden ayant présenté, sans concertation, les modalités de sortie du dispositif lors de son discours sur l’état de la nation devant le parlement, le 11 juin.

Luc Frieden ne veut pas débrancher le bouclier tarifaire au 1er janvier, mais les aides seront considérablement réduites. (Photo : Colin Behrens/Pixabay)
Pour amortir l’augmentation exponentielle des prix du gaz et de l’électricité, un bouclier tarifaire sur l’énergie avait été instauré en 2022. La mesure avait été négociée au sein de deux tripartites. Mais le dispositif, qui avait fait l’objet d’une loi, arrive à terme le 31 décembre de cette année. Faute d’aides de l’État, le Statec pronostique un bond de 60 % du prix de l’électricité et de 17 % de celui du gaz pour les ménages, en 2025. L’inflation pourrait ainsi être gonflée de 1,2 point de pourcentage l’an prochain, selon l’institut statistique. Un choc insoutenable pour le pouvoir d’achat des salarié·es, préviennent les syndicats.
Leur avis semblait en grande partie partagé par le gouvernement et de premiers contacts avaient eu lieu avec le ministre DP de l’Économie, qui a également l’Énergie sous sa tutelle. Lex Delles devait initialement présenter un plan de sortie progressive au gouvernement au début du printemps. Mais la chose a été sans cesse reportée et, à la mi-mai, ses services assuraient encore que cela se ferait dans les toutes prochaines semaines. Le woxx avait rendu compte de ces tractations, pour lesquelles l’OBGL et le LCGB se montraient plutôt optimistes, estimant qu’un accord serait trouvé dans le cadre d’une tripartite spécifique, en principe avant les congés d’été. Mais rien n’est venu, si ce n’est une vague allusion à des discussions entre ministres dans le cadre d’un conseil de gouvernement.
Factures et superprofits
Nora Back, présidente de l’OGBL, confirme au woxx qu’aucune négociation, ou même réunion d’information, n’a eu lieu entre syndicats et gouvernement. La surprise a donc été totale d’entendre Luc Frieden détailler le plan gouvernemental de sortie progressive du bouclier énergétique ce 11 juin, devant la Chambre des député·es. « Étant donné que la plupart des prix de l’énergie ont baissé ces derniers mois, la plupart des plafonds de prix de l’énergie seront supprimés à compter du 1er janvier 2025 », a soutenu le premier ministre devant le parlement. « Mais nous maintiendrons le plafonnement des prix de l’électricité en 2025, car l’électricité a été achetée pendant la crise, et les prix d’achat élevés auront encore leurs répercussions en 2025. Nous le faisons d’une manière socialement juste », a-t-il ajouté.
Les mesures seront donc socialement ciblées en direction des plus vulnérables. Ce dont ne se satisfait pas Nora Back, qui estime qu’il en coûtera quelque 600 euros de plus aux ménages modestes pour payer leurs factures d’électricité l’an prochain. En somme, le gouvernement a décidé, seul dans son coin, de limiter le coût de la mesure, qui se chiffrera à 50 millions d’euros en 2025. Un montant bien timide au regard des superprofits accumulés ces dernières années par les énergéticiens. Au Luxembourg, par exemple, Enovos a vu ses bénéfices grimper à 171 millions d’euros en 2023, contre 107 millions en 2022.